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Après douze semaines de fermeture, le restaurant Ô Pifaudais à Quévert, près de Dinan, a enfin remis le couvert. Le personnel savoure cette réouverture tant attendue. Les clients aussi.
« Restaurant Ô Pifaudais, bonjouuuuur ! Une table pour trois jeudi midi ? Pas de souci Madame Legendre, c’est noté. Merci et à demain. » Aux premiers jours de l’été, la voix de Nathalie Soulabaille, chargée d’enregistrer les réservations, se fait chantante. Ici, personne ne boude son plaisir. « On a rouvert depuis lundi et ça fait du bien de revoir les clients. »
Pour Nathalie comme pour toute l’équipe du restaurant Ô Pifaudais à Quévert, la réouverture de l’établissement sonne comme une délivrance. « On l’attendait avec impatience. On a vécu deux mois et demi de confinement, souvent seul dans son appartement. C’était long… Aujourd’hui, on est très heureux de reprendre notre travail. »
Sourires masqués
La période sombre de la crise liée au Covid-19 n’est plus qu’un mauvais souvenir. L’agenda de Nathalie se remplit à nouveau et la clientèle revient progressivement. « 20 réservations lundi, 34 mardi, ça redémarre plutôt bien », positive Stéphane Le Goff, le chef cuisinier qui a dû réaménager les espaces afin de respecter les consignes sanitaires.
Au total, douze tables ont été sacrifiées dans les quatre salles du restaurant, soit 40 couverts de moins. « La distance entre chaque table doit être d’un mètre mais on a volontairement mis plus pour que les gens se sentent moins confinés. C’est désormais plus aéré, plus fluide aussi au niveau du service. »
Comme partout, le port du masque a été rendu obligatoire pour le personnel et les clients lors des déplacements. Au sol, des flèches orange indiquent le sens de circulation à emprunter. Sur les tables, pas de nappage, plus de serviette en tissu, ni de menu en plastique. « Le set de table est en papier, tout comme la serviette. Quant au menu, il a été remplacé par une ardoise murale, indique Stéphane Le Goff. Après chaque passage de client, la table et la chaise sont désinfectées. Concernant le règlement, la carte sans contact est privilégiée pour éviter les manipulations. »
Un retour sans appréhension
Loin du protocole sanitaire, à table, rien n’entame la bonne humeur générale. « Avec cette réouverture, on a le sentiment de revivre, sourient deux ouvriers du bâtiment, installés dans la salle Azur. On reprend nos bonnes habitudes en venant déjeuner ici, sans aucune appréhension. »
Autre salle, autre table et même bonheur : « celui de revenir dans un restaurant que l’on connaît bien et où on mange bien, glisse Tijane Potier qui fréquente régulièrement l’établissement depuis dix ans avec sa famille résidant à Saint-Samson-sur-Rance. On apprécie de se revoir, de discuter avec Christophe et Stéphane, les cuisiniers. C’est bon de se retrouver ! » Un plaisir partagé.
Pratique. Le restaurant Ô Pifaudais à Quévert, près de Dinan, est ouvert du lundi au vendredi, de 12 h à 14 h 30 (tél. 02 96 87 33 55). A Lamballe, le restaurant Ô Pifaudais est également ouvert depuis le 15 juin (tél. 02 96 50 15 50). A Saint-Brieuc, les clients extérieurs peuvent de nouveau se restaurer au self Le Grand Large situé dans le parc d’activités Les Châtelets à Ploufragan (tél. 02 96 94 12 06).
Le monde du virtuel s’invite dans les murs de la maison d’accueil spécialisé de Saint-Brieuc. Sur grand écran, les résidents peuvent suivre à distance la séance de médiation animale animée par Emmanuelle Gouriou-Deffains. Une première.
« Pendant le confinement, on a pratiqué la visioconférence pour échanger avec nos amis et notre famille. Alors, pourquoi pas utiliser l’outil avec les résidents de la MAS ? » Privée de visite à la maison d’accueil spécialisé de Saint-Brieuc en raison de la crise du Covid-19, Emmanuelle Gouriou-Deffains s’est longtemps interrogée sur la manière dont elle pouvait animer une séance de médiation animale, par écran interposé, auprès des personnes polyhandicapées de l’établissement.
Un grand écran, une bonne connexion, un programme préparé en amont avec la complicité du personnel de la MAS et le tour est joué. « Il a fallu innover et s’adapter, raconte l’intervenante. L’idée est de créer une interactivité entre l’animal et la personne en faisant en sorte que le résident puisse bouger et participer à l’atelier à distance en appuyant sur l’écran. » Ainsi, Sébastien a pu faire tomber le dès indiquant à l’animatrice le nombre de croquettes qu’elle devait prendre pour nourrir l’animal. Martine, habituellement si distante avec les animaux, s’est approchée de l’écran pour mieux observer les chiens, les chats, les lapins et autres cochons d’Inde. Comme les autres résidents, elle a découvert un nouvel oiseau en liberté dans la pièce. Elle a fait connaissance avec « Cacahuette », un perroquet qui n’avait encore jamais franchi les murs de la MAS.
La médiation animale est une technique encore peu connue du grand public. « Elle apporte du bien-être et du réconfort, explique la responsable de l’atelier Emmanimaux. Elle stimule le sens et l’éveil des personnes en situation de handicap, favorise la communication et la motricité fine, aide à apaiser les angoisses et à canaliser les émotions. »
Présent lors de cette séance particulière, Guillaume Pottier mesure les bienfaits de la médiation animale sur les personnes. « Certains résidents m’ont surpris, témoigne l’aide-soignant de la MAS Roc Bihan. Habituellement en retrait et si réservés, ils ont participé aux ateliers et se sont exprimés. Ceux qui sont d’ordinaire renfermés dans leur chambre, se sont pris au jeu et ils en redemandent. »
Deux nouvelles séances en visio sont déjà programmées en juillet. Et ce n’est qu’un début.
Tous en selle ! Si bon nombre de manifestations sont annulées ou reportées, le challenge A vélo au boulot est maintenu. Il aura lieu du 22 au 28 juin sur le territoire de Saint-Brieuc Armor Agglomération.
Le principe reste inchangé : le salarié comptabilise les kilomètres parcourus à vélo durant une semaine et les additionne à ceux des autres participants issus de la même équipe. « C’est l’entreprise, l’association ou la collectivité qui s’inscrit et chaque salarié se déclare en interne, rappelle l’organisateur Yves Hennequin. Même si on est tout seul au départ, il faut s’inscrire, car l’expérience montre que l’initiative finit toujours par fédérer d’autres personnes. »
Ouvert à d’autres modes de déplacement
Après cinq éditions, le challenge A vélo au boulot s’est imposé comme un événement à ne pas manquer sur l’agglomération de Saint-Brieuc et même dans les Côtes d’Armor. L’an dernier, le rendez-vous avait mobilisé une centaine d’équipes et réuni plus de 1000 participants. « Pour inciter à faire naître davantage d’échanges entre les participants, les inscriptions ne se font pas à titre individuel, précise Yves Hellequin. Chacun peut s’inscrire auprès de son employeur ou de son établissement. A l’issue de la semaine, une personne en interne transmet à l’association organisatrice les résultats des reports de kilomètres via le fichier téléchargeable. »
Pour cette édition 2020, le challenge s’ouvre à d’autres modes de déplacement : marche, roller, trottinette, co-voiturage... « L’idée est de donner de la visibilité à toutes ces mobilités ». Et pas seulement sur le bassin de Saint-Brieuc. Toutes les équipes costarmoricaines sont les bienvenues !
Pratique. Les salariés de l’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor intéressés par ce challenge peuvent s’inscrire auprès de Delphine Bréant (tél. 02 96 62 66 77).
Plus d’infos sur www.a-velo-au-boulot.fr
Mise en place par le Conseil départemental des Côtes d’Armor, la plateforme filierelocale22 fait la promotion des productions locales et facilite la mise en relation avec les consommateurs. Une centaine de producteurs dont esatco Paimpol sont présents sur ce site.
Promouvoir les savoir-faire des territoires et des producteurs locaux, tel est l’objectif du site internet filierelocale 22 lancé par le Conseil départemental des Côtes d’Armor. « Depuis le début de la pandémie, le Département s’est mobilisé pour lutter contre le Covid-19, tant d’un point de vue sanitaire que sur le plan économique, indique son président Alain Cadec. Le site filierelocale22 a pour but de promouvoir les savoir-faire de nos territoires et les producteurs locaux, qui sont, eux aussi, touchés par la crise. »
Réalisé par les services du Conseil départemental, la plateforme web fonctionne comme un moteur de recherche pour lequel il suffit d’indiquer le nom d’une commune pour afficher et géolocaliser les productions locales environnantes. Il est également possible d’effectuer d’autres recherches comme par type de produits par exemple. « Grâce à cet outil, nous allons plus loin pour favoriser la mise en relation entre les producteurs et l’ensemble des consommateurs. Nous avons la chance de pouvoir disposer, partout en Côtes d’Armor, de produits d’excellente qualité, poursuit Alain Cadec. Nous espérons ainsi participer à la valorisation de cette richesse, humaine, gastronomique et culturelle. »
Plus d’une centaine de producteurs locaux sont actuellement recensés sur la plateforme départementale. Parmi eux, l’ESAT de Plourivo près de Paimpol, géré par l’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor, qui organise chaque jeudi, de 10 h à 13 h 30, une vente directe de légumes frais et bio, aux portes de son atelier maraîchage. Renseignements au 02 96 55 41 30.
Accédez à la plateforme départementale en ligne en cliquant ici : www.cotesdarmor.fr/filierelocale22
La crise du coronavirus bouleverse la façon de travailler et pas seulement dans le monde des bureaux. A Loudéac, des parents ont aménagé un mini-atelier dans le sous-sol du domicile familial pour leur fils Denis qui ne peut se rendre à l’ESAT. Une expérience très positive.
Concentré et appliqué, il fait glisser sa burette de colle sur les bordures du carton. Puis il pose délicatement le transparent PVC avant d’enchaîner avec un autre support. En ce début du mois de juin, Denis assure le collage de fenêtres pour la fabrication de boîtes de volaille destinées à l’abattoir de dindes Ronsard basé à Bignan dans le Morbihan. Un travail dont il a l’habitude depuis plusieurs années, sauf qu’il n’est pas à l’ESAT mais dans le garage de ses parents où un mini-atelier a été spécialement aménagé pour lui.
Un exemple à suivre
Opéré pour des problèmes cardiaques, Denis (36 ans) est considéré comme une personne à risque et ne peut pas pour l’instant retourner à l’ESAT, malgré les règles de sécurité sanitaire relatives aux gestes barrières et à la distanciation. « Pour lui, l'activité à l’ESAT ne pouvait pas s’arrêter comme ça, du jour au lendemain », confie Christine, sa maman qui a eu la bonne idée de solliciter l’établissement pour délocaliser le travail de son fils à la maison. Une demande acceptée par la direction et qui répond aux directives de l’Agence Régionale de Santé favorisant « le maintien au domicile des travailleurs en situation de handicap présentant des risques de santé les rendant plus vulnérables face à l’épidémie de coronavirus. »
Moniteur de l’atelier impression et conditionnement du cartonnage à esatco Loudéac, Thierry Jouan se réjouit de cette heureuse initiative. « Denis maîtrise parfaitement le collage de fenêtres sur carton. Il y est habitué et n’a pas besoin de l’aide de son moniteur. Nous sommes très satisfaits et fiers de son travail. » Gérard et Christine le sont tout autant, sinon plus. Le papa comme la maman se félicite de cette situation imaginée au cours du confinement et mise en place à partir du 11 mai. « Depuis deux mois et demi, le temps est long. Il faut s’occuper et ce n’est pas simple. Avec ce travail, notre fils garde toujours un pied à l’ESAT, il ne perd pas la main. C’est très important pour lui et aussi pour nous parents. Cela montre que des personnes qui ne peuvent retourner à l’atelier ont la possibilité de produire du travail à la maison. C’est une belle expérience ! » Un exemple à suivre.
Passionnée par la couture, Lénaïg Gaillard a confectionné plus de 500 masques en tissu. L’éducatrice spécialisée en a offert la moitié aux salariés et aux personnes accompagnées du pays de Guingamp dont ceux du foyer d’hébergement Foch qu’elle s’apprête à retrouver après plus de deux mois d’absence.
Depuis quelques jours, Lénaïg Gaillard a laissé sa vieille machine à coudre au repos. L’épaisseur des tissus utilisés pour confectionner des masques a fait souffrir la Triomph familiale qui commence à battre de l’aile. « Je pense que c’est son dernier round de couture, juge l’éducatrice spécialisée de Guingamp. Elle a parfois tourné huit heures dans la journée et les grandes séries, elle n’aime pas… »
Machine à bout de souffle, mais couturière à l’enthousiasme intact. En deux mois, Lénaïg Gaillard a cousu plus de 500 masques de protection, tout d’abord destinés aux pompiers de Guingamp, au personnel soignant de l’hôpital, aux caissières des grandes surfaces, puis aux salariés et aux personnes accompagnées dans les établissements de l’Adapei-Nouelles. « Etant asthmatique, j’ai été contrainte de rester chez moi. Confinée à la maison, je ne pouvais pas rester sans rien faire, alors j’ai ressorti la machine à coudre. La couture est un hobby, j’en fais depuis longtemps. Il n’y a pas besoin d’avoir un super niveau en couture pour fabriquer des masques. En réalité, c’est assez simple. Il suffit juste d’avoir du temps et du matériel. »
Avec des draps en lin
Une fois lancée aux commandes de sa machine, Lénaïg Gaillard y a mis tout son cœur. « Moralement, ça fait du bien de se rendre utile pour les autres », notamment pour les personnes qu’elle accompagne au foyer d’hébergement Foch à Guingamp qui n’ont pas hésité à l’appeler et à la remercier. Tout autant que les salariés des établissements, « ils sont très contents de porter un masque léger et de bonne composition, issu de draps anciens en lin. Grâce à ces tissus, une centaine de masques ont pu être réalisés. Avec une double épaisseur, ils protègent idéalement contre le virus et permettent de bien respirer. »
Récupérés par Sandra Louis, directrice-adjointe du pôle adultes, les masques ont rapidement trouvé preneur au SAVS, à l’ESAT ou encore dans les foyers dont celui du centre-ville guingampais. Un établissement qu’elle a hâte de retrouver la semaine prochaine. « J’ai reçu le feu vert de la médecine du travail. Toutes les conditions sont réunies pour que je reprenne. » En fonction des besoins, Lénaïg se dit prête à répondre à la demande. Prête à remettre du fil dans la bobine et à relancer sa vieille machine, pour un dernier round de couture.
Depuis le début de la crise du Covid-19, Aurélie Le Quément est l’interlocutrice privilégiée des acteurs du secteur du handicap. En poste dans les Côtes d’Armor depuis décembre, la responsable du pôle « personnes handicapées » à l’Agence Régionale de Santé (ARS) témoigne de la dynamique inter-associative pour répondre, souvent dans l’urgence, aux besoins des acteurs locaux et des usagers.
Entretien
En tant que responsable du pôle « personnes handicapées » à l’ARS des Côtes d’Armor, quel est votre rôle dans la gestion de la crise sanitaire ?
Je suis chargée de décliner les stratégies régionales et nationales sur le territoire en m’appuyant également sur les initiatives locales des acteurs, et ce en lien étroit avec les partenaires que sont le Conseil départemental, la MDPH et l’Éducation Nationale par exemple. Mon rôle est de suivre la situation des établissements ayant des cas de Covid suspects ou confirmés, de veiller à la mise en place des mesures sanitaires adéquates, de venir en appui sur le plan RH par la mobilisation des ressources disponibles, de venir en soutien aux opérateurs avec des réunions régulières pour partager les questionnements. Je m’assure de la bonne compréhension des consignes et des différents protocoles sanitaires. Je suis également chargée d’attribuer les dotations hebdomadaires en masques pour les établissements du secteur du handicap et d’en assurer le suivi.
La polyvalence de votre poste prime avant tout…
Dans un tel contexte, on est amené à sortir un peu de ses missions habituelles. A titre d’exemple, j’ai été appelée à prêter main forte sur l’offre ambulatoire dans le secteur libéral et à suivre le dépistage collectif dans les structures d’hébergement, notamment en Ehpad.
Durant cette crise sans précédent, avez-vous participé à des démarches de coopération et d’entraide entre les organismes gestionnaires ?
Bien sûr et cela fait partie de mes missions. J’interviens auprès de l’ensemble des structures gestionnaires qui œuvrent dans le champ du handicap, à la fois celles qui sont sous compétence de l’ARS ou à compétence partagée avec le Conseil départemental. Mon rôle est de susciter ces démarches de coopération et d’entraide. Je suis là pour rassurer les organismes gestionnaires et faire le lien entre tous les acteurs, notamment mettre en lien des besoins de renfort en RH dans les Ehpad avec des professionnels des établissements du secteur handicap qui avaient des possibilités en début de crise. Durant cette période, j’ai pu constater que dans les Côtes d’Armor, la dynamique inter-gestionnaire est très forte. Le terreau est favorable pour faire face à la crise et construire des projets à dimension départementale.
Cette dynamique dont vous parlez a-t-elle été un atout dans la mise en place des unités de confinement pour les personnes qui seraient touchées par le Covid-19 ?
Dans les Côtes d’Armor, nous n’étions pas en capacité de mettre en place un centre dédié Covid dans chaque association gestionnaire. La réponse à cette offre ne pouvait se faire que par le biais du partenariat. Certaines associations y ont réfléchi, comme Quatre Vaulx Les Mouettes qui a étudié la faisabilité d’une unité pour adultes à l’internat de Languédias, mais le projet n’a pas pu voir le jour.
Pour ouvrir une unité de confinement adultes, on ne pouvait pas uniquement s’appuyer sur un seul gestionnaire. Ce projet est aujourd’hui porté par l’Association Hospitalière de Bretagne (AHB) avec des locaux mis à disposition par l’Association Française contre les Myopathies (AFM) et un personnel d’intervention issu de plusieurs associations dont l’IME Les Vallées de Dinan, Quatre Vaulx Les Mouettes et l’APAJH 22. Grâce à la collaboration de toutes ces associations, le projet a pu voir le jour.
Et concernant le secteur enfance ?
L’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor s’est tout de suite mobilisée pour répondre à cette offre à vocation départementale et accueillir des enfants à domicile ou suivis par d’autres structures. Cette association a été très réactive dans la mise en place de cette unité. Elle dispose d’une force de frappe sur le territoire. Son siège social s’est montré disponible. Il vient en soutien et permet de construire des projets très intéressants, à l’image de ce dispositif innovant tant par ses objectifs que par sa mise en œuvre.
D’une manière générale, comment jugez-vous la mobilisation des associations costarmoricaines ?
On sent qu’il y a déjà des habitudes de travail et de coopération très ancrées dans le département grâce au groupement d’associations Handi-Cap 22. ces habitudes se sont renforcées pendant la crise, par l'intégration des gestionnaires publics aux projets portés par Handi-Cap 22 par exemple. La bonne interconnaissance des acteurs facilite la mise en place de projets à visée départementale comme celui de la création des unités de confinement. Quand il a fallu trouver du personnel volontaire pour intervenir sur l’unité adultes de Saint-Brieuc, on a rapidement eu des accords émanant des associations.
En période de déconfinement, comment s’organise votre travail avec les associations ?
Pour l’heure, l’Agence Régionale de Santé reste toujours fortement mobilisée sur la gestion de la crise. Chaque jour à la délégation territoriale des Côtes d’Armor, nous avons un temps dédié entre les cadres et la direction pour partager les dernières actualités et les mesures principales à prendre pour organiser le travail.
Vous êtes confiante et optimiste pour la suite de la gestion de crise ?
Oui car nous avons des acteurs très engagés qui, jusqu’ici, ont respecté de façon exemplaire les différents protocoles sanitaires. Quand j’ai reçu les plans de reprise d’activité progressif pour le déconfinement, j’ai constaté toute la vigilance des partenaires et des opérateurs à l’application des protocoles sanitaires, des mesures barrières, des règles de nettoyage et de désinfection pour éviter l’arrivée du virus dans leurs structures.
Le confinement et le déconfinement sont deux phases extrêmement différentes dans la gestion de la crise. En raison des inquiétudes et des craintes des partenaires et des familles, le déconfinement prend plus de temps dans la mise en œuvre. Il doit s’organiser de manière progressive pour éviter le risque d’une deuxième vague et de contaminations dans les structures accueillant des personnes en situation de handicap qui ont été jusqu’ici préservées. Des mesures fortes ont été mises en place dans le département pour tester tout cas suspect avec l’organisation de la quatorzaine et de l’isolement pour freiner le plus tôt possible la chaîne de contamination.
Propos recueillis par Loïc Tachon.
En ces temps de crise sanitaire, Morgane Detante, éducatrice technique spécialisée en IME, a accepté d’épauler les équipes des ESAT. Elle parle d’une belle expérience vécue depuis plus de deux mois dans les établissements et services d’aide par le travail.
Elle est comme ça, Morgane. Toujours de bonne humeur, souriante et disponible. Rien, pas même le Covid, ne peut altérer sa personnalité solaire et pétillante. Alors, quand la direction de l’IME de Saint-Brieuc où elle travaille, lui propose de renforcer les effectifs de la blanchisserie de l’APAJH 22 en pleine crise sanitaire, elle n’hésite pas un seul instant et répond par l’affirmative. « Si je peux aider en cette période difficile, je le fais volontiers », même si elle intervient également en tant que surveillante au collège La Grande Métairie à Ploufragan, ouvert pour les enfants du personnel soignant pendant le confinement. « C’est sûr, ça fait de sacrées journées mais au moins, je ne m’ennuie pas ! »
A la blanchisserie des Ateliers de la Baie, l’éducatrice technique spécialisée s’acquitte au mieux de sa nouvelle tâche : tri du linge, mise en séchage dans la calandre, pliage des textiles et livraison dans différentes structures du bassin briochin (foyer d’accueil médicalisé Courtil de l’Ic, foyer Ker Spi, Centre Hélio-Marin, maison d’accueil spécialisé et autres Ephad). Ce remplacement, elle le prend comme un enrichissement personnel. « Je découvre un autre univers avec des métiers souvent méconnus du secteur médico-social. C’est très intéressant. »
D’un ESAT à l’autre
Après un mois passé à la blanchisserie de l’APAJH 22, Morgane Detante prend la direction de Plouisy et rejoint l’un des sept sites de production esatco de l’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor. Cette fois, la jeune éducatrice de 29 ans est appelée en renfort à l’atelier légumerie. Nouvelle aventure, nouvelle expérience. « Je fais connaissance avec des moniteurs, des ouvriers ESAT et EA qui travaillent toute la journée dans des conditions peu évidentes, dans le froid et l’humidité. On épluche et on coupe des pommes de terre, des carottes ou encore des oignons destinés aux Ephad, aux hôpitaux et cantines des écoles des Côtes d’Armor. Le travail est répétitif et assez physique. »
Morgane Detante découvre l’activité de l’intérieur, en totale immersion. « C’est la réalité du terrain ! Cela m’offre une vision plus approfondie de ce que représente le travail en ESAT. Je mesure aujourd’hui les compétences que les jeunes accueillis à la section d’initiation et de première formation professionnelle (SIPFP) au sein de l’IME doivent acquérir pour une orientation vers ce type d’établissement : maîtriser les bons gestes, s’adapter aux outils, rester concentré,… Des stages de découverte sont possibles pour évaluer les capacités de chacun. Ça ouvre des portes pour l’avenir ! »
Le mouvement national Unapei et 66 personnalités solidaires ont signé une Tribune dans Le Parisien/Aujourd’hui en France et demandent une juste reconnaissance des professionnels qui agissent pour et avec les personnes en situation de handicap et leurs familles.
« Prendre soin : les professionnels qui accompagnent des personnes en situation de handicap n'ont pas arrêté de le faire pendant la crise du Covid-19. Oubliés et invisibles, ils doivent être considérés au même titre que tous les acteurs du soin. Nous, parents, sœurs, frères, amis, aidants, personnes en situation de handicap sommes en première ligne pour témoigner de l'impact de la crise sur notre quotidien. Un quotidien soulagé par l’accompagnement de ces professionnels. Avec le soutien de citoyens solidaires, nous voulons rappeler leur engagement sans faille. Nous demandons que nos mercis intimes du quotidien deviennent visibles et tangibles.
Durant les semaines de confinement que notre pays a traversées, les personnes, quel que soit leur handicap, ont plus que jamais eu besoin des compétences de professionnels qui ne sont ni hospitaliers ni de santé et qui pourtant ont pour mission d’accompagner et de « prendre soin ». Ce sont les professionnels dits du « médico-social ». Pour des milliers d'enfants et d'adultes en situation de handicap en perte de repères et inquiets, comme d'autres, de ce qui se passait, ces professionnels ont souvent constitué le seul lien social. Pour leurs proches également.
Au-delà des accompagnements courants, toujours nécessaires, ils ont veillé à ce que leur vie ne bascule pas vers plus de difficultés et de troubles, si ce n'est vers la maladie. Ils ont ainsi permis, avec conscience professionnelle, que soient maintenus les rendez-vous quotidiens essentiels aux personnes concernées et à leurs familles. Si l'on peut regretter que, pendant la période de confinement, il ait été fait peu état de leur mobilisation, il importe désormais de faire bouger les lignes et évoluer les mentalités, afin qu'ils reçoivent la juste reconnaissance qu'ils espèrent si légitimement.
Aussi, nous, personnes en situation de handicap, parents, sœurs, frères, amis, aidants, nous demandons que l'engagement de ces professionnels soit reconnu dans un premier temps par une prime au même titre que les autres acteurs du soin. Ce geste symbolique reconnaissant leurs efforts sans pareils pendant cette crise ne devrait même pas faire débat. Nous demandons surtout une valorisation globale de leurs métiers, qui passera également par une revalorisation de leurs salaires à la hauteur de leur rôle dans la société.
Valoriser les métiers du médico-social, faire preuve de gratitude, de façon effective, envers celles ou ceux qui aident tous les jours des personnes à être actrices de leur vie, c'est démontrer que le « prendre soin » a, plus que jamais, un sens dans notre pays et, plus encore, qu'il est un investissement pour l'avenir. »
Les signataires
Luc Gateau, président de l’Unapei et les parents, frères, sœurs et amis de l’Unapei ; Lahcen Er Rajaoui, président de Nous Aussi et l’ensemble des personnes en situation de handicap adhérentes de Nous Aussi ; Adda Abdelli, comédien ; Patrick Adler, comédien ; Albert Algoud, journaliste ; Jean-François Balmer, comédien ; Gregori Baquet, comédien ; Nadège Beausson-Diagne, comédienne ; Frédérique Bedos, fondatrice d’ONG ; Leïla Bekti, comédienne ; Marie-Paule Belle, chanteuse ; Christian Benedetti, comédien ; Claude Bergeaud, entraineur de basket ; Jean-Yves Berteloot, comédien ; Michel Billé, sociologue ; Jacques Bonnaffé, comédien ; Isabelle de Botton, comédienne ; Caroline Boudet, journaliste ; Anne Bouvier, comédienne ; Didier Brice, comédien ; Jean-Michel Carlo, administrateur de l’UNICEF ; Emilie Cazenave, comédienne ; Jeanne Cherhal, chanteuse ; François Cluzet, comédien ; Philippe Croizon, athlète et chroniqueur ; Gérard Darmon, comédien ; Olivier Delacroix, animateur TV ; Vincent Des Portes, professeur de médecine ; Alexis Desseaux, comédien ; Henri Duboc, médecin chercheur ; Hervé Dubourjal, comédien ; Anny Duperey, comédienne ; Philippe Durance, sociologue ; Elha, chanteuse ; Eglantine Emeyé, journaliste-animatrice TV ; Jean-Louis Fournier, écrivain ; Catherine Frot, comédienne ; Jacques Gamblin, comédien ; Charles Gardou, anthropologue ; Alexandre Jardin, écrivain ; Jonathan Jérémiasz, co-fondateur de l’Association Comme les Autres ; Michaël Jérémiasz, co-fondateur de l’Association Comme les Autres ; Axel Kahn, professeur de médecine ; Valérie Karsenti, comédienne ; Eric Laugérias, comédien ; Samuel Le Bihan, comédien ; David Le Breton, anthropologue ; Olivier Lejeune, comédien ; Lionel Levy, chef étoilé ; Marc Levy, écrivain ; Sébastien Marsset, navigateur ; Régine Monti Tessier, sociologue ; François Morel, comédien ; Olivier Nakache, réalisateur ; Israël Nisand, professeur de médecine ; Erik Orsenna, écrivain ; Eric Toledano, réalisateur ; Olivier Rabourdin, comédien ; Jean-Michel Ribes, comédien ; Christophe Rossignon, producteur de cinéma ; Anne Roumanoff, humoriste ; Alain Sachs, comédien ; Laurent Savard, humoriste ; Benoit Soles, comédien ; Régis Sonnes, entraîneur de rugby ; Barbara Stiegler, philosophe ; Alice Zéniter, écrivain.
Crise sanitaire oblige, Marie-Jo et André Guyomard vivent avec leurs filles, Nolwenn et Aude, dans le repaire familial de Camlez, près de Tréguier. Le couple de retraités s’adapte à la situation tant bien que mal, en attendant le feu vert des autorités sanitaires pour un retour au foyer et à l’ESAT.
Ils devaient partir en vacances à la Guadeloupe le 16 mars, mais l’épidémie du coronavirus en a décidé autrement et les a privés de leur voyage en Outre-mer. « Depuis, nous sommes à la maison avec nos deux filles qui, en raison de la crise sanitaire, ne peuvent pas retourner au foyer, ni reprendre le travail à l’ESAT », racontent Marie-Jo et André Guyomard, le visage éclairé par les rayons de soleil qui inondent leur jardin en ce jeudi de l’Ascension.
« Cela fait maintenant deux mois et demi que nous vivons tous les quatre comme des inséparables. En temps normal, Nolwenn (42 ans) et Aude (bientôt 37 ans) sont avec nous uniquement le week-end. C’est un changement de vie et il a fallu s’adapter. Restés confinés avec des enfants dits normaux, c’est déjà dur, avec nos filles c’est plus compliqué… Elles ne sont pas désagréables mais leur présence au quotidien n’est pas facile à gérer. Et puis, on n’a plus 20 ans. Nous sommes des parents âgés qui avons plus de difficultés à gérer certaines situations… ».
L’attente est longue
Dans un contexte inédit, le confinement a révélé toutes les difficultés d’accompagner des personnes en situation de handicap au jour le jour à domicile. « Il n’y a pas de temps mort. Nous sommes sans cesse sollicités, confient les parents. Heureusement, il a fait beau et nous avons pu sortir régulièrement dans le jardin. On a joué aux fléchettes et au palet, on a ressorti les jeux de société. Le dimanche midi, c’était l’heure de l’apéro zoom en visio avec la famille de Paris, Saint-Brieuc et Plougastel. Un rituel. On a également échangé beaucoup de photos et de vidéos via Whatsapp avec les familles de la section parents du Trégor Goëlo de l’Adapei-Nouelles. Bref, on a essayé de proposer un maximum de choses mais à un moment, on ne peut pas faire plus… Depuis la semaine dernière, on peut désormais se promener librement sans attestation et aller à la plage. Ça fait du bien pour tout le monde mais aujourd’hui, les filles ont surtout en tête de retrouver au plus vite le chemin du foyer et de leur atelier sous-traitance à l’ESAT. »
Pour Nolwenn et Aude, l’attente est longue. « On a hâte de revoir nos collègues de travail. Pour l’instant, on ne sait pas quand on va reprendre… » Alors, en attendant d’en savoir plus, les Guyomard continuent de faire ce qu’ils font depuis deux mois et demi : « s’occuper et prendre son mal en patience. » Faute de certitudes sur l’avenir, la famille de Camlez préfère regarder en arrière. « Le plus dur est derrière nous ».