Une plateforme départementale pour se rapprocher des producteurs locaux

Mise en place par le Conseil départemental des Côtes d’Armor, la plateforme filierelocale22 fait la promotion des productions locales et facilite la mise en relation avec les consommateurs. Une centaine de producteurs dont esatco Paimpol sont présents sur ce site.

Promouvoir les savoir-faire des territoires et des producteurs locaux, tel est l’objectif du site internet filierelocale 22 lancé par le Conseil départemental des Côtes d’Armor. « Depuis le début de la pandémie, le Département s’est mobilisé pour lutter contre le Covid-19, tant d’un point de vue sanitaire que sur le plan économique, indique son président Alain Cadec. Le site filierelocale22 a pour but de promouvoir les savoir-faire de nos territoires et les producteurs locaux, qui sont, eux aussi, touchés par la crise. »

Réalisé par les services du Conseil départemental, la plateforme web fonctionne comme un moteur de recherche pour lequel il suffit d’indiquer le nom d’une commune pour afficher et géolocaliser les productions locales environnantes. Il est également possible d’effectuer d’autres recherches comme par type de produits par exemple. « Grâce à cet outil, nous allons plus loin pour favoriser la mise en relation entre les producteurs et l’ensemble des consommateurs. Nous avons la chance de pouvoir disposer, partout en Côtes d’Armor, de produits d’excellente qualité, poursuit Alain Cadec. Nous espérons ainsi participer à la valorisation de cette richesse, humaine, gastronomique et culturelle. »

Chaque jeudi, esatco Paimpol propose la vente directe de ses produits bio sur le site de Plourivo.

Plus d’une centaine de producteurs locaux sont actuellement recensés sur la plateforme départementale. Parmi eux, l’ESAT de Plourivo près de Paimpol, géré par l’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor, qui organise chaque jeudi, de 10 h à 13 h 30, une vente directe de légumes frais et bio, aux portes de son atelier maraîchage. Renseignements au 02 96 55 41 30.

Accédez à la plateforme départementale en ligne en cliquant ici : www.cotesdarmor.fr/filierelocale22

Pour Denis, c’est l’atelier-travail à la maison !

La crise du coronavirus bouleverse la façon de travailler et pas seulement dans le monde des bureaux. A Loudéac, des parents ont aménagé un mini-atelier dans le sous-sol du domicile familial pour leur fils Denis qui ne peut se rendre à l’ESAT. Une expérience très positive.

Concentré et appliqué, il fait glisser sa burette de colle sur les bordures du carton. Puis il pose délicatement le transparent PVC avant d’enchaîner avec un autre support. En ce début du mois de juin, Denis assure le collage de fenêtres pour la fabrication de boîtes de volaille destinées à l’abattoir de dindes Ronsard basé à Bignan dans le Morbihan. Un travail dont il a l’habitude depuis plusieurs années, sauf qu’il n’est pas à l’ESAT mais dans le garage de ses parents où un mini-atelier a été spécialement aménagé pour lui.

Un exemple à suivre

Opéré pour des problèmes cardiaques, Denis (36 ans) est considéré comme une personne à risque et ne peut pas pour l’instant retourner à l’ESAT, malgré les règles de sécurité sanitaire relatives aux gestes barrières et à la distanciation. « Pour lui, l'activité à l’ESAT ne pouvait pas s’arrêter comme ça, du jour au lendemain », confie Christine, sa maman qui a eu la bonne idée de solliciter l’établissement pour délocaliser le travail de son fils à la maison. Une demande acceptée par la direction et qui répond aux directives de l’Agence Régionale de Santé favorisant « le maintien au domicile des travailleurs en situation de handicap présentant des risques de santé les rendant plus vulnérables face à l’épidémie de coronavirus. »

Moniteur de l’atelier impression et conditionnement du cartonnage à esatco Loudéac, Thierry Jouan se réjouit de cette heureuse initiative. « Denis maîtrise parfaitement le collage de fenêtres sur carton. Il y est habitué et n’a pas besoin de l’aide de son moniteur. Nous sommes très satisfaits et fiers de son travail. » Gérard et Christine le sont tout autant, sinon plus. Le papa comme la maman se félicite de cette situation imaginée au cours du confinement et mise en place à partir du 11 mai. « Depuis deux mois et demi, le temps est long. Il faut s’occuper et ce n’est pas simple. Avec ce travail, notre fils garde toujours un pied à l’ESAT, il ne perd pas la main. C’est très important pour lui et aussi pour nous parents. Cela montre que des personnes qui ne peuvent retourner à l’atelier ont la possibilité de produire du travail à la maison. C’est une belle expérience ! » Un exemple à suivre.

« Moralement, ça fait du bien de se rendre utile pour les autres »

Passionnée par la couture, Lénaïg Gaillard a confectionné plus de 500 masques en tissu. L’éducatrice spécialisée en a offert la moitié aux salariés et aux personnes accompagnées du pays de Guingamp dont ceux du foyer d’hébergement Foch qu’elle s’apprête à retrouver après plus de deux mois d’absence.

Depuis quelques jours, Lénaïg Gaillard a laissé sa vieille machine à coudre au repos. L’épaisseur des tissus utilisés pour confectionner des masques a fait souffrir la Triomph familiale qui commence à battre de l’aile. « Je pense que c’est son dernier round de couture, juge l’éducatrice spécialisée de Guingamp. Elle a parfois tourné huit heures dans la journée et les grandes séries, elle n’aime pas… »

Machine à bout de souffle, mais couturière à l’enthousiasme intact. En deux mois, Lénaïg Gaillard a cousu plus de 500 masques de protection, tout d’abord destinés aux pompiers de Guingamp, au personnel soignant de l’hôpital, aux caissières des grandes surfaces, puis aux salariés et aux personnes accompagnées dans les établissements de l’Adapei-Nouelles. « Etant asthmatique, j’ai été contrainte de rester chez moi. Confinée à la maison, je ne pouvais pas rester sans rien faire, alors j’ai ressorti la machine à coudre. La couture est un hobby, j’en fais depuis longtemps. Il n’y a pas besoin d’avoir un super niveau en couture pour fabriquer des masques. En réalité, c’est assez simple. Il suffit juste d’avoir du temps et du matériel. »

Avec des draps en lin

Une fois lancée aux commandes de sa machine, Lénaïg Gaillard y a mis tout son cœur. « Moralement, ça fait du bien de se rendre utile pour les autres », notamment pour les personnes qu’elle accompagne au foyer d’hébergement Foch à Guingamp qui n’ont pas hésité à l’appeler et à la remercier. Tout autant que les salariés des établissements, « ils sont très contents de porter un masque léger et de bonne composition, issu de draps anciens en lin. Grâce à ces tissus, une centaine de masques ont pu être réalisés. Avec une double épaisseur, ils protègent idéalement contre le virus et permettent de bien respirer. »

Récupérés par Sandra Louis, directrice-adjointe du pôle adultes, les masques ont rapidement trouvé preneur au SAVS, à l’ESAT ou encore dans les foyers dont celui du centre-ville guingampais. Un établissement qu’elle a hâte de retrouver la semaine prochaine. « J’ai reçu le feu vert de la médecine du travail. Toutes les conditions sont réunies pour que je reprenne. » En fonction des besoins, Lénaïg se dit prête à répondre à la demande. Prête à remettre du fil dans la bobine et à relancer sa vieille machine, pour un dernier round de couture.

« Dans les Côtes d’Armor, le terreau est favorable pour faire face à la crise »

Depuis le début de la crise du Covid-19, Aurélie Le Quément est l’interlocutrice privilégiée des acteurs du secteur du handicap. En poste dans les Côtes d’Armor depuis décembre, la responsable du pôle « personnes handicapées » à l’Agence Régionale de Santé (ARS) témoigne de la dynamique inter-associative pour répondre, souvent dans l’urgence, aux besoins des acteurs locaux et des usagers.

Entretien

En tant que responsable du pôle « personnes handicapées » à l’ARS des Côtes d’Armor, quel est votre rôle dans la gestion de la crise sanitaire ?

Je suis chargée de décliner les stratégies régionales et nationales sur le territoire en m’appuyant également sur les initiatives locales des acteurs, et ce en lien étroit avec les partenaires que sont le Conseil départemental, la MDPH et l’Éducation Nationale par exemple. Mon rôle est de suivre la situation des établissements ayant des cas de Covid suspects ou confirmés, de veiller à la mise en place des mesures sanitaires adéquates, de venir en appui sur le plan RH par la mobilisation des ressources disponibles, de venir en soutien aux opérateurs avec des réunions régulières pour partager les questionnements. Je m’assure de la bonne compréhension des consignes et des différents protocoles sanitaires. Je suis également chargée d’attribuer les dotations hebdomadaires en masques pour les établissements du secteur du handicap et d’en assurer le suivi.

La polyvalence de votre poste prime avant tout…

Dans un tel contexte, on est amené à sortir un peu de ses missions habituelles. A titre d’exemple, j’ai été appelée à prêter main forte sur l’offre ambulatoire dans le secteur libéral et à suivre le dépistage collectif dans les structures d’hébergement, notamment en Ehpad.

Durant cette crise sans précédent, avez-vous participé à des démarches de coopération et d’entraide entre les organismes gestionnaires ?

Bien sûr et cela fait partie de mes missions. J’interviens auprès de l’ensemble des structures gestionnaires qui œuvrent dans le champ du handicap, à la fois celles qui sont sous compétence de l’ARS ou à compétence partagée avec le Conseil départemental. Mon rôle est de susciter ces démarches de coopération et d’entraide. Je suis là pour rassurer les organismes gestionnaires et faire le lien entre tous les acteurs, notamment mettre en lien des besoins de renfort en RH dans les Ehpad avec des professionnels des établissements du secteur handicap qui avaient des possibilités en début de crise. Durant cette période, j’ai pu constater que dans les Côtes d’Armor, la dynamique inter-gestionnaire est très forte. Le terreau est favorable pour faire face à la crise et construire des projets à dimension départementale.

La cellule de crise au siège de l'Adapei-Nouelles Côtes d'Armor pendant le confinement.

Cette dynamique dont vous parlez a-t-elle été un atout dans la mise en place des unités de confinement pour les personnes qui seraient touchées par le Covid-19 ?

Dans les Côtes d’Armor, nous n’étions pas en capacité de mettre en place un centre dédié Covid dans chaque association gestionnaire. La réponse à cette offre ne pouvait se faire que par le biais du partenariat. Certaines associations y ont réfléchi, comme Quatre Vaulx Les Mouettes qui a étudié la faisabilité d’une unité pour adultes à l’internat de Languédias, mais le projet n’a pas pu voir le jour.

Pour ouvrir une unité de confinement adultes, on ne pouvait pas uniquement s’appuyer sur un seul gestionnaire. Ce projet est aujourd’hui porté par l’Association Hospitalière de Bretagne (AHB) avec des locaux mis à disposition par l’Association Française contre les Myopathies (AFM) et un personnel d’intervention issu de plusieurs associations dont l’IME Les Vallées de Dinan, Quatre Vaulx Les Mouettes et l’APAJH 22. Grâce à la collaboration de toutes ces associations, le projet a pu voir le jour.

Et concernant le secteur enfance ?

L’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor s’est tout de suite mobilisée pour répondre à cette offre à vocation départementale et accueillir des enfants à domicile ou suivis par d’autres structures. Cette association a été très réactive dans la mise en place de cette unité. Elle dispose d’une force de frappe sur le territoire. Son siège social s’est montré disponible. Il vient en soutien et permet de construire des projets très intéressants, à l’image de ce dispositif innovant tant par ses objectifs que par sa mise en œuvre.

D’une manière générale, comment jugez-vous la mobilisation des associations costarmoricaines ?

On sent qu’il y a déjà des habitudes de travail et de coopération très ancrées dans le département grâce au groupement d’associations Handi-Cap 22. ces habitudes se sont renforcées pendant la crise, par l'intégration des gestionnaires publics aux projets portés par Handi-Cap 22 par exemple. La bonne interconnaissance des acteurs facilite la mise en place de projets à visée départementale comme celui de la création des unités de confinement. Quand il a fallu trouver du personnel volontaire pour intervenir sur l’unité adultes de Saint-Brieuc, on a rapidement eu des accords émanant des associations.

En période de déconfinement, comment s’organise votre travail avec les associations ?

Pour l’heure, l’Agence Régionale de Santé reste toujours fortement mobilisée sur la gestion de la crise. Chaque jour à la délégation territoriale des Côtes d’Armor, nous avons un temps dédié entre les cadres et la direction pour partager les dernières actualités et les mesures principales à prendre pour organiser le travail.

Vous êtes confiante et optimiste pour la suite de la gestion de crise ?

Oui car nous avons des acteurs très engagés qui, jusqu’ici, ont respecté de façon exemplaire les différents protocoles sanitaires. Quand j’ai reçu les plans de reprise d’activité progressif pour le déconfinement, j’ai constaté toute la vigilance des partenaires et des opérateurs à l’application des protocoles sanitaires, des mesures barrières, des règles de nettoyage et de désinfection pour éviter l’arrivée du virus dans leurs structures.

Le confinement et le déconfinement sont deux phases extrêmement différentes dans la gestion de la crise. En raison des inquiétudes et des craintes des partenaires et des familles, le déconfinement prend plus de temps dans la mise en œuvre. Il doit s’organiser de manière progressive pour éviter le risque d’une deuxième vague et de contaminations dans les structures accueillant des personnes en situation de handicap qui ont été jusqu’ici préservées. Des mesures fortes ont été mises en place dans le département pour tester tout cas suspect avec l’organisation de la quatorzaine et de l’isolement pour freiner le plus tôt possible la chaîne de contamination.

Propos recueillis par Loïc Tachon.

Morgane Detante, une éducatrice d’IME en immersion dans les ESAT

En ces temps de crise sanitaire, Morgane Detante, éducatrice technique spécialisée en IME, a accepté d’épauler les équipes des ESAT. Elle parle d’une belle expérience vécue depuis plus de deux mois dans les établissements et services d’aide par le travail.

Elle est comme ça, Morgane. Toujours de bonne humeur, souriante et disponible. Rien, pas même le Covid, ne peut altérer sa personnalité solaire et pétillante. Alors, quand la direction de l’IME de Saint-Brieuc où elle travaille, lui propose de renforcer les effectifs de la blanchisserie de l’APAJH 22 en pleine crise sanitaire, elle n’hésite pas un seul instant et répond par l’affirmative. « Si je peux aider en cette période difficile, je le fais volontiers », même si elle intervient également en tant que surveillante au collège La Grande Métairie à Ploufragan, ouvert pour les enfants du personnel soignant pendant le confinement. « C’est sûr, ça fait de sacrées journées mais au moins, je ne m’ennuie pas ! »

A la blanchisserie des Ateliers de la Baie, l’éducatrice technique spécialisée s’acquitte au mieux de sa nouvelle tâche : tri du linge, mise en séchage dans la calandre, pliage des textiles et livraison dans différentes structures du bassin briochin (foyer d’accueil médicalisé Courtil de l’Ic, foyer Ker Spi, Centre Hélio-Marin, maison d’accueil spécialisé et autres Ephad). Ce remplacement, elle le prend comme un enrichissement personnel. « Je découvre un autre univers avec des métiers souvent méconnus du secteur médico-social. C’est très intéressant. »

D’un ESAT à l’autre

Après un mois passé à la blanchisserie de l’APAJH 22, Morgane Detante prend la direction de Plouisy et rejoint l’un des sept sites de production esatco de l’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor. Cette fois, la jeune éducatrice de 29 ans est appelée en renfort à l’atelier légumerie. Nouvelle aventure, nouvelle expérience. « Je fais connaissance avec des moniteurs, des ouvriers ESAT et EA qui travaillent toute la journée dans des conditions peu évidentes, dans le froid et l’humidité. On épluche et on coupe des pommes de terre, des carottes ou encore des oignons destinés aux Ephad, aux hôpitaux et cantines des écoles des Côtes d’Armor. Le travail est répétitif et assez physique. »

Morgane Detante découvre l’activité de l’intérieur, en totale immersion. « C’est la réalité du terrain ! Cela m’offre une vision plus approfondie de ce que représente le travail en ESAT. Je mesure aujourd’hui les compétences que les jeunes accueillis à la section d’initiation et de première formation professionnelle (SIPFP) au sein de l’IME doivent acquérir pour une orientation vers ce type d’établissement : maîtriser les bons gestes, s’adapter aux outils, rester concentré,… Des stages de découverte sont possibles pour évaluer les capacités de chacun. Ça ouvre des portes pour l’avenir ! »

« Pour que nos mercis intimes du quotidien deviennent visibles et tangibles »

Le mouvement national Unapei et 66 personnalités solidaires ont signé une Tribune dans Le Parisien/Aujourd’hui en France et demandent une juste reconnaissance des professionnels qui agissent pour et avec les personnes en situation de handicap et leurs familles.

« Prendre soin : les professionnels qui accompagnent des personnes en situation de handicap n'ont pas arrêté de le faire pendant la crise du Covid-19. Oubliés et invisibles, ils doivent être considérés au même titre que tous les acteurs du soin. Nous, parents, sœurs, frères, amis, aidants, personnes en situation de handicap sommes en première ligne pour témoigner de l'impact de la crise sur notre quotidien. Un quotidien soulagé par l’accompagnement de ces professionnels. Avec le soutien de citoyens solidaires, nous voulons rappeler leur engagement sans faille. Nous demandons que nos mercis intimes du quotidien deviennent visibles et tangibles.

Durant les semaines de confinement que notre pays a traversées, les personnes, quel que soit leur handicap, ont plus que jamais eu besoin des compétences de professionnels qui ne sont ni hospitaliers ni de santé et qui pourtant ont pour mission d’accompagner et de « prendre soin ». Ce sont les professionnels dits du « médico-social ». Pour des milliers d'enfants et d'adultes en situation de handicap en perte de repères et inquiets, comme d'autres, de ce qui se passait, ces professionnels ont souvent constitué le seul lien social. Pour leurs proches également.

Au-delà des accompagnements courants, toujours nécessaires, ils ont veillé à ce que leur vie ne bascule pas vers plus de difficultés et de troubles, si ce n'est vers la maladie. Ils ont ainsi permis, avec conscience professionnelle, que soient maintenus les rendez-vous quotidiens essentiels aux personnes concernées et à leurs familles. Si l'on peut regretter que, pendant la période de confinement, il ait été fait peu état de leur mobilisation, il importe désormais de faire bouger les lignes et évoluer les mentalités, afin qu'ils reçoivent la juste reconnaissance qu'ils espèrent si légitimement.

Aussi, nous, personnes en situation de handicap, parents, sœurs, frères, amis, aidants, nous demandons que l'engagement de ces professionnels soit reconnu dans un premier temps par une prime au même titre que les autres acteurs du soin. Ce geste symbolique reconnaissant leurs efforts sans pareils pendant cette crise ne devrait même pas faire débat. Nous demandons surtout une valorisation globale de leurs métiers, qui passera également par une revalorisation de leurs salaires à la hauteur de leur rôle dans la société.

Valoriser les métiers du médico-social, faire preuve de gratitude, de façon effective, envers celles ou ceux qui aident tous les jours des personnes à être actrices de leur vie, c'est démontrer que le « prendre soin » a, plus que jamais, un sens dans notre pays et, plus encore, qu'il est un investissement pour l'avenir. »

Les signataires

Luc Gateau, président de l’Unapei et les parents, frères, sœurs et amis de l’Unapei ; Lahcen Er Rajaoui, président de Nous Aussi et l’ensemble des personnes en situation de handicap adhérentes de Nous Aussi ; Adda Abdelli, comédien ; Patrick Adler, comédien ; Albert Algoud, journaliste ; Jean-François Balmer, comédien ; Gregori Baquet, comédien ; Nadège Beausson-Diagne, comédienne ; Frédérique Bedos, fondatrice d’ONG ; Leïla Bekti, comédienne ; Marie-Paule Belle, chanteuse ; Christian Benedetti, comédien ; Claude Bergeaud, entraineur de basket ; Jean-Yves Berteloot, comédien ; Michel Billé, sociologue ; Jacques Bonnaffé, comédien ; Isabelle de Botton, comédienne ; Caroline Boudet, journaliste ; Anne Bouvier, comédienne ; Didier Brice, comédien ; Jean-Michel Carlo, administrateur de l’UNICEF ; Emilie Cazenave, comédienne ; Jeanne Cherhal, chanteuse ; François Cluzet, comédien ; Philippe Croizon, athlète et chroniqueur ; Gérard Darmon, comédien ; Olivier Delacroix, animateur TV ; Vincent Des Portes, professeur de médecine ; Alexis Desseaux, comédien ; Henri Duboc, médecin chercheur ; Hervé Dubourjal, comédien ; Anny Duperey, comédienne ; Philippe Durance, sociologue ; Elha, chanteuse ; Eglantine Emeyé, journaliste-animatrice TV ; Jean-Louis Fournier, écrivain ; Catherine Frot, comédienne ; Jacques Gamblin, comédien ; Charles Gardou, anthropologue ; Alexandre Jardin, écrivain ; Jonathan Jérémiasz, co-fondateur de l’Association Comme les Autres ; Michaël Jérémiasz, co-fondateur de l’Association Comme les Autres ; Axel Kahn, professeur de médecine ; Valérie Karsenti, comédienne ; Eric Laugérias, comédien ; Samuel Le Bihan, comédien ; David Le Breton, anthropologue ; Olivier Lejeune, comédien ; Lionel Levy, chef étoilé ; Marc Levy, écrivain ; Sébastien Marsset, navigateur ; Régine Monti Tessier, sociologue ; François Morel, comédien ; Olivier Nakache, réalisateur ; Israël Nisand, professeur de médecine ; Erik Orsenna, écrivain ; Eric Toledano, réalisateur ; Olivier Rabourdin, comédien ; Jean-Michel Ribes, comédien ; Christophe Rossignon, producteur de cinéma ; Anne Roumanoff, humoriste ; Alain Sachs, comédien ; Laurent Savard, humoriste ; Benoit Soles, comédien ; Régis Sonnes, entraîneur de rugby ; Barbara Stiegler, philosophe ; Alice Zéniter, écrivain.

« Cela fait maintenant deux mois et demi que nos filles sont à la maison… »

Crise sanitaire oblige, Marie-Jo et André Guyomard vivent avec leurs filles, Nolwenn et Aude, dans le repaire familial de Camlez, près de Tréguier. Le couple de retraités s’adapte à la situation tant bien que mal, en attendant le feu vert des autorités sanitaires pour un retour au foyer et à l’ESAT.

Ils devaient partir en vacances à la Guadeloupe le 16 mars, mais l’épidémie du coronavirus en a décidé autrement et les a privés de leur voyage en Outre-mer. « Depuis, nous sommes à la maison avec nos deux filles qui, en raison de la crise sanitaire, ne peuvent pas retourner au foyer, ni reprendre le travail à l’ESAT », racontent Marie-Jo et André Guyomard, le visage éclairé par les rayons de soleil qui inondent leur jardin en ce jeudi de l’Ascension.

« Cela fait maintenant deux mois et demi que nous vivons tous les quatre comme des inséparables. En temps normal, Nolwenn (42 ans) et Aude (bientôt 37 ans) sont avec nous uniquement le week-end. C’est un changement de vie et il a fallu s’adapter. Restés confinés avec des enfants dits normaux, c’est déjà dur, avec nos filles c’est plus compliqué… Elles ne sont pas désagréables mais leur présence au quotidien n’est pas facile à gérer. Et puis, on n’a plus 20 ans. Nous sommes des parents âgés qui avons plus de difficultés à gérer certaines situations… ».

L’attente est longue

Dans un contexte inédit, le confinement a révélé toutes les difficultés d’accompagner des personnes en situation de handicap au jour le jour à domicile. « Il n’y a pas de temps mort. Nous sommes sans cesse sollicités, confient les parents. Heureusement, il a fait beau et nous avons pu sortir régulièrement dans le jardin. On a joué aux fléchettes et au palet, on a ressorti les jeux de société. Le dimanche midi, c’était l’heure de l’apéro zoom en visio avec la famille de Paris, Saint-Brieuc et Plougastel. Un rituel. On a également échangé beaucoup de photos et de vidéos via Whatsapp avec les familles de la section parents du Trégor Goëlo de l’Adapei-Nouelles. Bref, on a essayé de proposer un maximum de choses mais à un moment, on ne peut pas faire plus… Depuis la semaine dernière, on peut désormais se promener librement sans attestation et aller à la plage. Ça fait du bien pour tout le monde mais aujourd’hui, les filles ont surtout en tête de retrouver au plus vite le chemin du foyer et de leur atelier sous-traitance à l’ESAT. »

Pour Nolwenn et Aude, l’attente est longue. « On a hâte de revoir nos collègues de travail. Pour l’instant, on ne sait pas quand on va reprendre… » Alors, en attendant d’en savoir plus, les Guyomard continuent de faire ce qu’ils font depuis deux mois et demi : « s’occuper et prendre son mal en patience. » Faute de certitudes sur l’avenir, la famille de Camlez préfère regarder en arrière. « Le plus dur est derrière nous ».

Quand le Covid-19 bouleverse les habitudes et l’organisation des services

A Saint-Brieuc, le site des Gallois qui héberge cinq services et l’association du Groupe d’entraide mutuelle se prépare à un déconfinement progressif adapté. L’organisation a été revue et les espaces transformés pour accueillir les personnes dans le respect des mesures sanitaires.

C’est l’un des cœurs battants de l’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor. Au carrefour de cinq services (2 SAVS, ACT, ASLL, AESF) et de l’association du GEM (1), le site des Gallois s’agite d’ordinaire au rythme des allées et venues. Depuis le début de la crise sanitaire, ce lieu d’accueil si fréquenté apparaît bien calme. Orphelin de ses « Gémeurs », Guy, Alain ou encore Christine, ses plus fidèles adhérents. « C’est un site habituellement vivant, rappelle Franck Amice, directeur-adjoint du pôle de coordination et d’accompagnement. Le jeudi et le vendredi, on peut compter jusqu’à 60 personnes et une vingtaine de salariés tous services confondus. »

Réouverture du GEM le 2 juin

Dans cette période post-confinement, on est loin de l’effervescence qui règne dans la grande salle d’activités du GEM où le silence est d’or. Les nombreux interdits posés ici et là, sur le frigo, l’ordinateur et l’armoire, rappellent que la crise sanitaire est toujours d’actualité. « Les activités collectives des deux SAVS et des ACT restent pour l’instant en stand-by. En revanche, le GEM Vivre au pluriel rouvrira ses portes le 2 juin, annonce Franck Amice. Dans cette salle, on ne pourra pas accueillir plus de six personnes. Cela se fera sur des demi-journées, l’après-midi de 14 h à 16 h. Les personnes seront assises à bonne distance et participeront à des activités de lecture et de jeux interactifs sans contact, animées par une éducatrice et un bénévole. Pour certains, ce changement peut paraître brutal. Afin de les préparer au mieux à cette reprise, l’animatrice a pris des photos pour que chacun puisse visualiser ce nouvel espace d’activité et prendre ses repères. Très clairement, on ne pourra plus fonctionner comme avant. Il n’y a plus de café discussion et les activités culinaires sont suspendues. A nous d’être créatifs car l’épanouissement de chacun dépend toujours autant de notre possibilité de vivre des relations sociales enrichissantes. »

A leur retour dans la salle d'activités du Groupe d'entraide Mutuelle, les adhérents ne pourront plus avoir accès à l'ordinateur et à l'espace documentation - Photo : Loïc Tachon

Comme dans tous les établissements et services de l’association, le Covid-19 bouleverse les habitudes et impose des protocoles précis d’organisation des activités et d’utilisation des équipements destinés à assurer la protection sanitaire des personnes accompagnées et du personnel. Lavage des mains à l’entrée, port du masque obligatoire, distanciation physique, zone délimitée notamment pour se rendre aux toilettes, interdiction de consulter les livres de la bibliothèque… « Forcément, ça change la vie », souffle Franck Amice, le regard tourné vers la salle de danse, chant, peinture et couture, transformée en lieu de stockage du matériel sanitaire (gel hydroalcoolique, masques, gants, blouses, kit spécifique pour les visites à domicile…). « Il a fallu transformer nos espaces et nos outils, adapter notre organisation comme c’est le cas avec le groupe d’entraide mutuelle. »

Tout en faisant barrage au virus, le GEM, lieu citoyen ouvert « sans trop d’interdits », est contraint de fermer la porte à de nombreuses activités. « Tant que l’Agence Régionale de Santé ne lèvera pas toutes ces restrictions, nous respecterons les mesures sanitaires nécessaires. » En attendant de retrouver une vie normale, avec ceux et celles qui font battre le cœur du site des Gallois.

  • (1) : Service d’Accueil à la Vie Sociale (SAVS), Appartements de Coordination Thérapeutique (ACT), Accompagnement Social Lié au Logement (ASLL), Accompagnement en Économie Sociale et Familiale (AESF), Groupe d’Entraide Mutuelle (GEM).

A Plourivo, la crise sanitaire fait les beaux jours de la vente directe

Le temps du confinement, la vente directe de légumes a connu une forte croissance à l’ESAT de Plourivo où bon nombre de personnes ont emprunté la file d’attente pour s’approvisionner en produits frais et locaux. Reste à savoir si l’engouement va perdurer.

Depuis le début de la crise sanitaire, l’ESAT de Plourivo connaît une affluence inhabituelle pour la vente directe de légumes qu’il organise chaque jeudi matin aux portes de son atelier maraîchage bio. « La semaine dernière, nous avons accueilli 90 clients en 2 heures, témoigne Pascal-Yves Bénis, moniteur esatco. Avec le confinement et les restrictions de déplacement, les gens se sont tournés vers les producteurs locaux. A l’ESAT, notre activité a été multiplié par quatre ! »

En mode sans contact

Face à l’afflux de nouveaux clients et à l’exigence des mesures sanitaires, l’ESAT de Plourivo a dû adapter son organisation. « Nous avons aménagé un étal spécifique avec une file d’attente qui respecte la distanciation physique, poursuit Pascal-Yves Bénis. Une personne de l’ESAT note le détail de la commande sur une feuille transmise à une autre qui remplit le cageot avant de le déposer sur une table. Le client n’a plus qu’à remplir son chèque et à emporter son panier de légumes, le tout sans aucun contact. L’ambiance est sereine et conviviale. Chacun est ravi et peut constater que les produits viennent directement de la serre voisine. L’offre est diversifiée (salades, mâche, épinards, pommes de terre nouvelles, radis, oignons,…). Tout ou presque est produit sur le site. »

Photos : Yves Le Bail (atelier maraîchage bio, esatco Paimpol)

Des salariés mobilisés

Depuis près de deux mois, ce sont dix personnes qui sont mobilisées chaque jeudi pour répondre à la demande. En majorité des professionnels de l’ESAT mais aussi des bénévoles et des salariés des autres établissements de l’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor : des secrétaires du siège social de l’association, des éducateurs des IME de Tréguier et de Saint-Brieuc venus prêter main forte à l’atelier maraîchage bio. « Certains ont travaillé à la pré-pesée des produits pour la mise en sachet ou en botte des légumes, d’autres ont participé aux plantations, aux récoltes et au désherbage. Pour les éducateurs techniques spécialisés présents, cette expérience leur a permis de découvrir notre production et notre environnement de travail, de mieux connaître notre fonctionnement et d’envisager la possibilité d’un accompagnement des jeunes d’IME vers l’ESAT. »

Pérenniser l’expérience

Et maintenant ? L’engouement envers les circuits courts va-t-il durer ? Les consommateurs vont-ils reprendre leurs anciennes habitudes et retrouver leurs supermarchés ? « Difficile de le dire, répond Pascal-Yves Bénis. Ce qui est sûr, c’est que nous allons continuer à promouvoir le consommer local. On veut faire prendre conscience aux gens qu’ils ont des produits de qualité près de chez eux et ce n’est pas la peine d’aller très loin pour en trouver. » A l’ESAT de Plourivo, on va poursuivre l’activité avec le même mode de vente jusqu’à fin juin et même une partie de l’été. » En espérant que la clientèle y prenne goût durablement.

Pratique. Vente directe à l’ESAT de Plourivo, près de Paimpol, le jeudi, actuellement de 10 h à 13 h 30. Renseignements au 02 96 55 41 30 ou sur www.esatco.fr

« Allô, bonjour Nathalie, c’est votre éducatrice du SAVS, vous allez bien ? »

Pendant le confinement, l’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor a mis en place une veille téléphonique afin de maintenir le lien avec les personnes qu’elle accompagne. A Dinan, les appels quotidiens ou hebdomadaires des équipes sont attendus et appréciés.

« Allô, bonjour Nathalie, c’est votre éducatrice du SAVS, vous allez bien ? » Au bout du fil, la voix est enjouée et on imagine le sourire qui accompagne la réponse. « Ça va bien merci. C’est bientôt le déconfinement, on va pouvoir enfin sortir. »

Comme dans tous les établissements et services de l’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor, les encadrants assurent une veille téléphonique régulière auprès des personnes. Objectif : maintenir le lien et aider chacun à passer le cap du confinement. « On échange, on parle de l’actualité, on tente d’appréhender les émotions et le moral de chacun en cette période difficile, confient les professionnels du pôle de coordination et d’accompagnement. Si on sent la personne en difficulté, on lui conseille des activités pour se distraire et se relaxer. On peut aussi intervenir à son domicile. »

« On ne se sent pas seul »

Confinée dans son logement de la rue Saint-Marc, proche du centre-ville de Dinan, Nathalie Verhaeghe apprécie plus particulièrement les appels de ceux ou celles qui l’accompagnent toute l’année dans le cadre du dispositif ACT (Appartement de Coordination Thérapeutique). « Entre l’assistante sociale, la psychologue, l’infirmière et les éducatrices du SAVS, je reçois entre quatre et cinq appels par semaine. On ne se sent pas seul. Le confinement crée du stress et de l’angoisse. Un coup de fil, ça fait du bien, ça rassure. Actuellement, je cherche un autre logement adapté à mon handicap et on m’aide beaucoup dans ce projet malgré le confinement. »

Une bouffée d’oxygène

Christophe Chaplain est lui aussi suivi par le SAVS de Dinan dont les appels téléphoniques permettent de briser la monotonie des jours de confinement. Papoter cinq minutes avec une personne extérieure est pour lui une bouffée d’oxygène. « Ça me fait le plus grand bien. On se sent bien entouré », glisse Christophe qui échange aussi beaucoup avec son moniteur d’atelier à l’ESAT de Quévert. « Il m’appelle souvent pour prendre des nouvelles, pour savoir si tout va bien pour moi. On se tient informé de la reprise du travail. En attendant, je m’occupe comme je peux. Je regarde des DVD, j’écoute de la musique et je joue du piano, ça me détend… »

A Taden, près de Dinan, Benjamin Tiprez attend lui aussi avec beaucoup d’impatience son retour à l’atelier menuiserie de l’ESAT de Lamballe où il travaille depuis six ans. « Pour l’instant, je suis confiné chez mes parents. J’espère retrouver rapidement mon studio à la résidence Ker Galop et aussi mes copains de l’ESAT avec qui on échange beaucoup par SMS. Didier Corduan, mon moniteur d’atelier, m’appelle deux à trois fois par semaine. J’apprécie beaucoup. Il a toujours les bons mots pour me rassurer sur la situation. Grâce à lui, les journées sont un peu moins longues. »