Joel Swendsen : « Avec cette multitude d’applications mobiles, c’est le Far West ! »

Spécialiste des technologies mobiles dans la recherche et la prise en charge des troubles mentaux, Joel Swendsen participera au colloque autisme de Saint-Brieuc, les 29 et 30 mars, à Saint-Brieuc. L’un des chercheurs les plus cités au monde en 2021 met en garde les utilisateurs face à la prolifération incontrôlée d’applications de santé mentale sans preuve d’efficacité. Explications.

Dans la liste des chercheurs les plus cités au monde en 2021, on retrouve le nom de Joel Swendsen. Comment ce classement est-il établi ?

Le but d’un scientifique, c’est de partager et de diffuser ses connaissances qui ne sont pas faites pour rester dans un tiroir. Nos travaux doivent être publiés et critiqués par nos pairs pour faire avancer les choses. Les articles publiés dans des revues nationales ou internationales sont ainsi jugés et appréciés au sein de la communauté scientifique. Ils peuvent être cités à leur tour par d’autres chercheurs dans de nouvelles publications. Et ce sont précisément ces citations qui sont prises en compte pour établir la liste des scientifiques les plus cités au monde.

Quelle a été votre réaction lors de la publication des résultats ?

Quand j’ai appris la nouvelle, j’ai fait des sauts en arrière et j'ai fêté ça pendant 24 heures avant de revenir au travail (rires). Plus sérieusement, j’ai été agréablement surpris car je ne m’y attendais pas. Je ne pensais vraiment pas que mon nom figurerait dans le top des scientifiques les plus cités au monde. C’est cool et très valorisant pour moi en tant que chercheur. Mes sauts en arrière sont désormais terminés et j’ai pu retourner au travail malgré quelques douleurs musculaires...

Au colloque autisme de Saint-Brieuc, vous interviendrez sur les bénéfices et les risques des troubles mentaux à travers l’utilisation et le développement des technologies mobiles, un domaine dans lequel vous êtes devenu un pionnier…

Depuis plusieurs années, je m’intéresse à la question de la comorbidité et à une grande diversité de troubles comme les troubles du neurodéveloppement et l’autisme mais aussi ceux liés à la schizophrénie et aux addictions. Mes recherches portent sur la compréhension des facteurs de risque et les causes des troubles mentaux à travers l’utilisation des technologies mobiles. De nombreuses applications, programmes et logiciels développés avec les nouvelles technologies sont aujourd’hui disponibles à la personne à partir d’un ordinateur fixe ou d’un appareil mobile comme le smartphone et la tablette. Je m’intéresse à toutes ces technologies mobiles qui permettent aux chercheurs d’accéder à la vie quotidienne des personnes affectées par des difficultés psychologiques ou des troubles mentaux.

Ces technologies mobiles sont-elles récentes ?

Certains appareils datent d’il y a une quinzaine d’années. Globalement, on constate une explosion du nombre d’applications mobiles. Dans le domaine de la santé en général, on en compte plus de 300 000 dont 10 000 dédiées aux différents troubles mentaux. Ces 10 000 applications sont disponibles sur Apple store et Google Play notamment. Moins d’un tiers d’entre elles ont été développées par des experts de la santé mentale, des psychologues ou encore des psychiatres. Ce sont des personnes bienveillantes mais elles n’ont pas une expertise particulière dans le domaine de la santé mentale.

Cela pose question, en effet…

Sachant que 4% des applications sont fondées sur les preuves d’efficacité, cela veut dire que 96% de ces apps sont mises sur le marché, à la disposition de la communauté, sans savoir si elles apportent une aide à la personne. Les personnes atteintes de troubles mentaux peuvent penser qu’elles téléchargent des outils thérapeutiques sûrs et valides alors que ce n’est pas le cas.

Les technologies mobiles ont révolutionné la recherche dans le domaine de la santé mentale mais concernant la prise en charge, c’est la cacophonie, c’est le Far West ! Imaginons que vous ayez un problème quel qu’il soit et pour lequel vous avez besoin d’aide, comment faites-vous pour vous y retrouver parmi toutes ces applications ? Comment un utilisateur va trouver la bonne application ? Il se sent perdu… Pour lui, la solution est aujourd’hui de trouver l’application grâce au label de dispositif médical mais c’est très complexe...

[caption id="attachment_5046" align="alignnone" width="640"] Joel Swendsen est psychologue clinicien et directeur de recherche au CNRS de Bordeaux. © Photos Bordeaux Neurocampus.[/caption]

Alors que faire ?

Le génie est sorti de la bouteille et aujourd’hui, on ne peut plus le remettre à l’intérieur de la bouteille. En revanche, il est possible de reprendre le contrôle et d’aider les gens à trouver la bonne application. Il faut pour cela informer les cliniciens des applications disponibles fondées sur les preuves et développées par les experts du domaine. Il existe aussi des sites web crédibles émanant de différentes associations dont certaines ont répertorié et classé les applications selon leur efficacité et leur utilité. Cependant, il y a d’autres risques pour lesquels nous n’avons pas de réponse.

De quels risques parlez-vous ?

Le simple fait de télécharger une application pour un problème de santé mentale pouvait donner l’impression à la personne qu’elle est prise en charge et qu’elle n’a pas besoin de consulter un spécialiste. De plus, la crise sanitaire n’a pas arrangé les choses. En deux ans, notre société a profondément évolué vers le distanciel et les nouvelles technologies. Jamais dans l’histoire de l’humanité, nous avons été si dépendants d’internet et de la communication à distance. Malgré les bénéfices des applications, les dépendances s’accentuent.

Etes-vous optimiste pour l’avenir ?

Oui je le suis. Il faut juste prendre le taureau par les cornes et relever les défis actuels qui ne sont pas insurmontables. On peut trouver des solutions. Il faut clairement discuter des problèmes et des promesses. L’autre jour, j’ai téléchargé des applications pour aider les gens qui font des tentatives de suicide. Si on lit les conditions d’utilisation, ce qu’on fait rarement en réalité, elles disent très clairement que l’application ne fournit pas les informations sur lesquelles vous « devez compter ». Elle se dédouane de toute responsabilité légale.

En revanche, on peut compter sur la communauté des associations, celle des patients, de leurs familles et de leur entourage. Ces associations ont fait des progrès considérables dans le domaine de l’autisme et de la santé mentale. Elles ont construit une plateforme d’informations bienveillante et sérieuse pour venir en aide aux personnes dans ce domaine. On peut fier de leur travail. Lors du colloque autisme de Saint-Brieuc, je citerai quelques associations qui ont trié et classé des applications qui, demain, feront partie de l’accompagnement et de la prise en charge des personnes atteintes de troubles du spectre de l’autisme.

(1) Joel Swendsen a reçu le prix Marcel Dassault « Chercheur de l’année » 2014 de la Fondation Fondamental et le Grand Prix Halphen de l’Académie des sciences en 2019.

Consultez le programme du colloque 2022 et inscrivez-vous !

Trois présidents de CVS font leur entrée au conseil d’administration de l’Adapei-Nouelles

« Rien pour nous sans nous ». Le slogan légué par "Nous aussi", l’association pionnière d’auto-représentants pour les personnes en situation de handicap, est plus que jamais d’actualité à l’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor. Trois présidents de Conseil à la Vie Sociale (CVS), issus du Trégor, font leur entrée au conseil d’administration de l’association : Maëll Coquil (IME Tréguier), Philippe Josse (esatco Tréguier) et Stéphane Le Batard (foyer d’hébergement de Minihy-Tréguier).

« Nous sommes contents et fiers d’avoir été désignés, ont déclaré les nouveaux élus à l’issue du vote. Cela va être une belle expérience. A nous d’en profiter et de prendre confiance pour dire les choses. On n’a pas peur de parler et d'exprimer nos idées, on est là avant tout pour défendre les droits des personnes de l'association. »

Les présidents de CVS et leurs suppléants au conseil d’administration

Dispositif enfance. Titulaire : Maëll Coquil (IME Tréguier) ; suppléante : Manon Bouchez (IME Saint-Brieuc).

Pôle adulte production. Titulaire : Philippe Josse (esatco Tréguier) ; suppléante : Dorine Rivoalen (esatco Paimpol).

Pôle adulte habitat. Titulaire : Stéphane Le Batard (foyer d’hébergement de Minihy-Tréguier) ; suppléante : Mélanie Guézou (foyer d'hébergement de Saint-Brieuc).

Trombinoscope des 25 présidents de Conseil à la Vie Sociale de l'Adapei-Nouelles Côtes d'Armor 

Élections 2022 : pour que la société cesse d’exclure les personnes en situation de handicap

À l’approche des élections présidentielles et législatives 2022, le réseau Unapei se mobilise et interpelle les candidats à travers un plaidoyer constitué de plusieurs revendications.

De nombreux professionnels médico-sociaux et sociaux ressortent épuisés de ces longs mois de crise. Trop de personnes en situation de handicap sont encore en danger, privées de soins et d’activités essentielles à leur vie. Leurs droits fondamentaux, d’ores et déjà peu respectés en France, sont aujourd’hui totalement bafoués. Trop de familles, abandonnées par la société, sacrifient encore leurs vies personnelles et professionnelles pour s’occuper de leur proche handicapé. Acteur de l’accompagnement, l’Unapei est le témoin des atteintes insupportables que subissent les personnes en situation de handicap et leurs aidants familiaux, depuis plusieurs années, en violation de leurs droits. Ils restent, en 2022, toujours exclus de la société dans laquelle ils vivent. Est-ce normal ?

Vivre dans une société qui cesse d’exclure les personnes en situation de handicap, c’est possible. Mais comment faire ?

Les personnes en situation de handicap et leurs proches ont, plus que jamais, besoin d’un accompagnement digne, de qualité, adapté aux besoins et aux attentes de chacun, dans une société pensée pour eux et avec eux !

Pour cela, l’Unapei énonce dans ses propositions plusieurs préalables :

- un accompagnement personnalisé et de qualité nécessite d’avoir des professionnels médico-sociaux qualifiés et formés, en nombre suffisant ;

- un accès à une gamme suffisante d’offres de services d’accompagnement est la condition d’une vie digne et incluse dans la société ;

- une société dite inclusive est une société qui s’adapte aux situations de handicap, pas l’inverse !

Nos concitoyens en situation en handicap doivent, sans conditions restrictives et avec les accompagnements de qualité nécessaires, avoir accès aux mêmes droits que tous les autres citoyens : liberté de choisir sa vie, de décider de son lieu de vie, de ses loisirs, de s’épanouir, d’avoir accès à la santé mais aussi avoir la possibilité de s’informer, de se former, de travailler, de subsister à ses besoins…

Il convient ainsi de :

- Soutenir par des moyens supplémentaires la création de nouvelles solutions d’accompagnement. Faute d’offre de places et de services en nombre suffisants en France, trop de personnes sont « sans solutions » : parfois l’accompagnement qui leur est proposé l’est par défaut et donc n’est pas - ou plus - adapté, voire cet accompagnement est maltraitant : amendement Creton ; listes d’attente ; réponses partielles… ;

- Soutenir l’autonomie des personnes quel que soit leur lieu de vie et quel que soit leur activité ;

- Lever les freins administratifs qui entravent les choix de vie des personnes : revoir le système des orientations MDPH, simplifier l’offre d’accompagnement et garantir l’équité territoriale de l’offre  ;

- Lever les freins administratifs et règlementaires qui entravent l’effectivité des droits des personnes en établissements : par exemple, liberté d’aller et venir en révisant la réglementation des règlements départemental d’aide sociale (RDAS).

[caption id="attachment_5030" align="alignnone" width="1000"] L’Unapei, association de défense des droits des personnes en situation de handicap, alerte depuis plusieurs mois sur la crise profonde que traverse le secteur du handicap.[/caption]

L’Unapei exige des engagements pour une véritable politique du handicap

A un mois de l’élection présidentielle, le handicap reste encore un enjeu peu discuté, pensé et réfléchi par les 12 candidats. Si quelques promesses sont émises, les candidats se doivent de proposer une véritable politique publique du handicap construite sur des données fiables et partagées à laquelle doit s’adosser des financements pérennes et actualisés en fonction de besoins identifiés et chiffrés.

Une politique publique du handicap efficace et adaptée aux personnes concernées suppose de :

- Dédier des moyens financiers pérennes pour l’accompagnement des personnes en situation de handicap par une loi de programmation budgétaire pluriannuelle en prenant en compte les besoins particuliers des personnes dont le handicap nécessite des accompagnements complexes ;

- Renforcer les missions de la CNSA pour assurer une réelle évaluation des besoins des personnes ainsi que l’évaluation des besoins de financements y afférant ;

- Construire une protection sociale adaptée aux besoins des personnes en situation de handicap et de leurs familles, dans le cadre de la 5ème branche de la sécurité sociale ;

- Construire une véritable filière de formation des métiers du « prendre soin », tenant compte des recommandations scientifiques et des évolutions sociétales ;

- Investir dans la recherche, développer la recherche participative et la rendre accessible aux personnes concernées ;

- Faire de la protection juridique des majeurs une véritable politique publique, ce qui induit une réelle coordination interministérielle entre le ministère des affaires sociales et le ministère de la Justice.

Consultez le document complet des revendications de l’Union nationale en cliquant ici : Plaidoyer Unapei Mars 2022

Unapei. Mouvement citoyen de 900 000 personnes accompagnées, familles, amis, professionnels et bénévoles, l’Unapei œuvre, depuis 60 ans, pour que les personnes en situation de handicap intellectuel et cognitif (personnes avec déficience intellectuelle, avec troubles du spectre autistique, troubles du comportement ou troubles psychiques, ou en situation de polyhandicap) accèdent aux mêmes droits que tous. L’Unapei est aujourd’hui un réseau de 350 associations membres dont fait partie l’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor.

Claire Compagnon sera présente au colloque autisme de Saint-Brieuc

« Une très bonne nouvelle ! » C’est la réaction des organisateurs du colloque autisme de Saint-Brieuc qui accueilleront Claire Compagnon, les mardi 29 et mercredi 30 mars 2022. La déléguée interministérielle à la stratégie nationale pour l’autisme au sein des troubles du neuro-développement a annoncé sa présence aux deux journées du colloque national qui s’articuleront autour de trois questions majeures : en quoi l’innovation et les nouvelles technologies peuvent-elles être une opportunité voire un atout pour les personnes avec Troubles du Spectre de l’Autisme ? Comment reconnaître l’atout et l’opportunité pour une société d’inclure des personnes avec TSA ? Quels défis allons-nous devoir relever pour accompagner les aidants dans ce bouleversement des pratiques ?

Dans la stratégie nationale pour l’autisme au sein des troubles du neuro-développement, le premier engagement posé est de « remettre la science au cœur des politiques publiques ». Les défis à relever sont importants et les différents axes de travail posés dans la stratégie seront débattus lors du colloque autisme de Saint-Brieuc, en présence de Claire Compagnon.

Consultez le programme complet du colloque autisme 2022 et inscrivez-vous en ligne !

Mohamed Chetouani : « Les usagers sont au centre des solutions innovantes »

Chercheur en robotique et coordinateur du LiLLab au sein de l’Institut des systèmes intelligents et de robotique (ISIR) à Paris Sorbonne Université, Mohamed Chetouani interviendra lors de la première journée du colloque autisme de Saint-Brieuc (29-30 mars 2022) dédié à l’innovation et aux nouvelles technologies en faveur des personnes TSA ou TND. Entretien.

Pr Mohamed Chetouani, on vous présente comme un expert de l’interaction humain-machine et de la robotique sociale. De quoi s’agit-il précisément ?

Dans la robotique, on s’intéresse le plus souvent à l’interaction physique, c’est-à-dire des robots qui portent des objets. Dans notre domaine de compétences, on parle de robots en interaction avec des personnes sur un volet très proche de la communication humaine, verbale avec la voix et non verbale avec les gestes, la prosodie, l’expression faciale, les postures, les mouvements… Ce sont ce qu’on appelle des signaux sociaux qui vont permettre l’interaction sociale. On travaille beaucoup avec des personnes neurotypiques non porteuses de handicap mais il est aussi très intéressant de proposer des robots et des systèmes interactifs à un partenaire humain ayant des troubles de la communication sociale et en particulier du neurodéveloppement.

Vous êtes coordinateur du LiLLab (Living & Learning Lab Neurodéveloppement), un projet dédié à l’évaluation des nouvelles technologies, ainsi que des méthodes éducatives et pédagogiques innovantes utilisées auprès des personnes avec TND. Quelles sont vos missions ?

Dans le cadre de la stratégie nationale pour l’autisme au sein des troubles du neurodéveloppement (TND) 2018-2022, cinq engagements ont été pris dont celui de renforcer la recherche et la formation. Le LiLLab est l’une des quatre mesures identifiées au sein de cet engagement. Cette mesure a pour vocation de mettre les usagers au centre des solutions innovantes et non l’inverse. Aujourd’hui, on a atteint une maturité qui permet de faire des études très larges et rigoureuses avec des validations qui ne sont pas très loin de celles produites dans le secteur de la santé. Au sein du LiLLab, on mène actuellement deux grandes études avec plusieurs centaines d’enfants inclus. On a désormais la robustesse de la technologie, des modèles, des méthodes et du réseau. C’est une belle avancée.

Parmi les outils et usages innovants issus de vos recherches, quels sont ceux qui seront présentés sur le salon interactif du colloque autisme de Saint-Brieuc ?

Les participants au colloque pourront découvrir E-Goliah, un jeu sur tablette qui a pour objectif de travailler l’imitation et l’attention conjointe des enfants avec TSA. L’intérêt de cet outil, développé par le service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital de la Pitié-Salpétrière et Sorbonne Université, c’est de proposer un mode de jeu interactif grâce à l’utilisation de deux tablettes en réseau, permettant au parent de jouer avec l’enfant.

Pour illustrer le niveau de maturité de nos projets, le LiLLab présentera également Emoface, un jeu qui permet à l’enfant autiste de reproduire des expressions, de reconnaître ses propres émotions et celles des autres. Au colloque de Saint-Brieuc, il sera possible de rencontrer les personnes qui ont développé ces outils et d’échanger avec elles car ces scientifiques sont aussi preneurs des retours des usagers. L’interaction est au cœur de notre travail et je trouve très pertinent que ce colloque propose un salon interactif.

Vous êtes investi dans l’organisation de ce colloque autisme en tant que membre du comité de pilotage. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

Personnellement, j’ai trouvé que la démarche des organisateurs très courageuse. Dès la première rencontre, j’ai été marqué par la volonté de l’équipe dirigée par Catherine Baudouin-Quéromès (directrice de la MAS de Paimpol, Adapei-Nouelles Côtes d'Armor) de mettre sur pied un colloque de ce type. Aujourd’hui, il y a très peu de lieux et d’organisations où l’on peut rencontrer à la fois des chercheurs, des développeurs et des usagers, où l’on peut avoir le temps de présenter des outils et d’en discuter. A Saint-Brieuc, ce sera possible. Le public pourra découvrir des études sur l’innovation, l’enseignement et même l’emploi. Des témoignages accompagneront ces présentations. Le participant pourra assister à des conférences de chercheurs à la pointe, mais sans être déconnecté.

Consultez le programme du colloque 2022 et inscrivez-vous !

Du recyclage des journaux à l’isolation des maisons

Depuis plus de deux ans, le site esatco du pays de Dinan à Quévert est devenu un centre de collecte du papier journal. Les tonnes de journaux sont ensuite transformées en ouate de cellulose, un isolant écologique de plus en plus utilisé pour l’habitat.

Tout au long de l’année, du papier journal est collecté par près de 1000 associations ou établissements répartis dans toute la Bretagne. Il s’agit d’une ressource pérenne qui permet de financer en partie les activités de ces structures tout en sensibilisant chacun au recyclage. Ce gisement représente plus de la moitié des approvisionnements de l’entreprise Cellaouate, usine de fabrication de ouate de cellulose implantée à Saint-Martin des Champs dans le Finistère.

« La ouate de cellulose est un excellent isolant thermique et phonique, performant pour l’habitat, explique Jean-Pol Caroff, directeur de l’entreprise. Ce matériau ne contient aucune microfibre cassante qui irrite la peau et les voies respiratoires. Il est agréable au toucher, sans danger pour celui qui la fabrique, celui qui la pose, et les habitants de la maison. »

Le dirigeant de Cellaouate se félicite de développer la filière de recyclage mise en place dans les Côtes d’Armor et notamment sur le site esatco à Quévert où 60 tonnes de journaux ont été massifiées en 2021 (100 tonnes en moyenne par an dans les communautés de communes en Bretagne). « Chaque benne de stockage est scannée et pesée. C’est ce poids qui détermine la rétribution à chaque association. »

Le projet d’ouverture d’un deuxième site de collecte sur le territoire de Saint-Brieuc est également à l’étude. Début février 2022, Morgan Donval, directeur de développement production esatco Côtes d’Armor et Muriel Le Goff, directrice adjointe de la filière textile esatco, accompagnés de Soizic Perrault, chargée de mission à Rich’ESS Saint-Brieuc, ont visité l’ESAT des Genêts d’Or à Briec qui assure le tri des journaux invendus du sud-Finistère.

[caption id="attachment_4970" align="alignnone" width="640"] De gauche à droite, Muriel Le Goff, directrice adjointe de la filière textile esatco Côtes d'Armor, Anne Robic chargée de mission à Cellaouate et Soizic Perrault, chargée de mission à Rich’ESS Saint-Brieuc.[/caption]

La MAS d’Hillion primée au concours national sur les droits des usagers

La MAS Les Sorbiers à Hillion a reçu une distinction nationale pour un dispositif inclusif avec mises en situations réelles permettant aux résidents d’exercer pleinement leur droit de vote.

Depuis 2010, des initiatives exemplaires et des projets innovants en faveur des droits des usagers sont valorisés par un label mis en place par le Ministère des solidarités et de la santé. Ce dispositif repère et distingue les bonnes pratiques des acteurs des secteurs sanitaire, médico-social et social en direction des patients, des résidents et des usagers.

L’édition 2021 du concours a vu 62 projets labellisés par les Agences régionales de santé sur 164 candidatures. Au final, cinq projets au niveau national ont été récompensés dont celui de la MAS Les Sorbiers à Hillion : « Rendre effectif le droit de vote à la maison d’accueil spécialisée. »

A travers ce projet soutenu l’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor, il s’agit de « dépasser les préjugés et les stéréotypes concernant les personnes en situation de handicap et qui font obstacle à la mise en œuvre effective de leur droit de vote » et également « les limites de l’accessibilisation des campagnes électorales et des bureaux de vote pour les personnes handicapées dans toute leur diversité » (Devandas-Aguilar, mars 2019).

Ce projet soutient le concept d’autodétermination et repère les obstacles et les facilitateurs pour devenir un résident électeur. Il vise ainsi à agir pour atténuer les obstacles et favoriser un environnement adéquat pour une participation effective.

En savoir plus

#UrgenceHandicap : nous réclamons des actes forts !

L'Adapei-Nouelles Côtes d'Armor, membre du réseau Unapei, alerte sur une crise sans précédent. Des centaines de professionnels, de personnes en situation de handicap et de familles sont concernés. Nous réclamons des actes immédiats au gouvernement et des engagements forts aux candidats aux élections présidentielles et législatives pour une politique volontariste.

Trop de professionnels médico-sociaux et sociaux ne sont pas reconnus à la hauteur de leurs compétences et de leur engagement. Epuisés, ils démissionnent en masse. Trop de personnes en situation de handicap sont mises en danger, privées de soins et d’activités essentielles à leur vie. Leurs droits fondamentaux, déjà peu respectés en temps normal, sont totalement bafoués. Trop de parents, de grands-parents, de sœurs, de frères, sont abandonnés par la société. Ils sacrifient leurs vies personnelles et professionnelles pour s’occuper de leur proche en situation de handicap. C’est un retour en arrière de 60 ans pour notre pays ! Nous sommes plus que jamais oubliés et ignorés par les pouvoirs publics.

La pétition du réseau Unapei, lancée en octobre 2021, est soutenue par plus de 80 000 signataires. Cependant, l’État reste immobile et la situation s’aggrave tous les jours. L’hémorragie des professionnels médico-sociaux se poursuit inexorablement. Conséquence directe : les personnes en situation de handicap subissent de graves atteintes à leur droits fondamentaux (ruptures d’accompagnement due aux arrêts de services, problèmes de sécurité, restrictions des activités essentielles à leur vie quotidienne, etc.). Leurs familles sont les victimes collatérales de cette situation.

La revalorisation salariale prévue par le Ségur de la Santé pour les professionnels de santé, doit bénéficier à tous les professionnels sociaux et médico-sociaux en lien avec les personnes en situation de handicap. Tous les métiers doivent être revalorisés sans inégalité de traitement. Si nous espérons que cette mesure de justice sociale enrayera à court terme la crise, une politique volontariste s’avère indispensable compte tenu des attentes et besoins des français en situation de handicap et de leurs proches. Les candidats à l’élection présidentielle doivent s’engager pour ces citoyens oubliés. 12 millions de personnes sont porteuses d’un handicap en France, autant d’aidants familiaux et des centaines de milliers de professionnels de l’accompagnement… les oubliés sont aussi des électeurs.

Pour agir, signez et faites signer notre pétition

En savoir plus sur le site de l'Unapei.

Les résidents du foyer Bel Orient vous disent : « Thank you ! »

Les Anglais ont du cœur et l’ont encore prouvé en offrant des cadeaux aux résidents du foyer de vie d’Hémonstoir, à la suite d’un message posté sur Facebook. Récit de l’histoire avec Liza Smith.

« Voir tous ces gens donner des cadeaux aux résidents de notre foyer, c’est incroyable, c’est magnifique ! » Liza Smith n’en revient toujours pas. En décembre dernier, la maîtresse de maison du foyer de vie Bel Orient à Hémonstoir, près de Loudéac, répond à une vendeuse de bracelets auprès de qui elle a passé commande de quelques articles. « Je lui ai simplement raconté que ces bracelets étaient destinés à des personnes en situation de handicap et ça a été la déferlante sur ma page Facebook ! Beaucoup de personnes d’origine anglaise vivant en Bretagne et plus largement en France, ont posté des messages pour dire qu’elles voulaient, elles aussi, faire un geste pour les résidents. »

Un élan de générosité totalement inattendu pour Liza Smith qui, dans les jours et les semaines qui ont suivi, a reçu pléthore de colis à l’établissement : des bijoux, des objets de décoration, des écharpes, des foulards, des crèmes de soin pour le visage, « et même de l’argent mis sous enveloppe » sourit l’Anglaise installée en France depuis dix-sept ans et salariée de l’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor depuis 2019. « J’ai été très surprise de recevoir autant de cadeaux. Il faut dire que dans les pays anglo-saxons, la magie de Noël est bien présente dans les familles avec le Secret Santa où chacun joue le Père Noël en dénichant de belles idées de cadeaux avant de les offrir à des proches, à des amis. Ce qui s’est passé au foyer Bel Orient m’a beaucoup touché, ça m’a fait chaud au cœur ! Lors de la distribution, les résidents avaient un grand sourire, ils montraient leur cadeau et moi, j’étais émue, vraiment. Ces personnes qu’on accompagne chaque jour, je les adore. Je veux les aider, je veux les voir heureuses ! »

Pour Liza Smith et les résidents du foyer de vie, la belle histoire aura une suite puisque de nombreuses personnes ont fait la promesse de leur offrir d’autres cadeaux en décembre 2022. Dans la pure tradition anglo-saxonne.

[caption id="attachment_4975" align="alignnone" width="900"] Gérard et Claudine, résidents du foyer de vie Bel Orient, sont fiers de présenter les bracelets qui leur ont été offerts par des familles anglaises. Photos : Loïc Tachon.[/caption]

Le foot en marchant fait ses premiers pas

Pratiqué en salle ou en plein air, le foot en marchant est une activité adaptée aux personnes en situation de handicap. Il peut être aussi un levier de lien social pour des seniors trop souvent isolés.

« C’est difficile de ne pas courir… On joue différemment en faisant travailler sa tête pour bien se déplacer. Et mine de rien, c’est physique ! » Au terme de la séance d’initiation proposée par le Stade briochin, chaque joueur livre ses commentaires à chaud. Heureux de découvrir une nouvelle discipline qui lui convient parfaitement. « On a pris de l’âge et des kilos… Il n’est plus question de courir comme Kylian MBappé (rires). Alors, on va à notre rythme et on prend beaucoup de plaisir dans le jeu. »

Jouer au ballon rond sans être à fond. C’est le principe du foot en marchant, une pratique initiée en Angleterre qui commence à séduire de nombreux adeptes dans les clubs, « notamment les anciens joueurs qui ont abandonné toute activité physique, indique Michel Renault, responsable du foot diversifié au Stade briochin. C’est une bonne alternative pour continuer le foot. »

Sport et santé

Trois règles principales distinguent cette nouvelle activité du foot traditionnel : « interdiction de courir, pas le droit au contact et trois touches de balle maximum, explique Charles Escanez, conseiller technique départemental en charge du développement et de l’animation des pratiques. Ces règles aménagées permettent d’inclure un public intergénérationnel et mixte : les personnes souffrant d’un problème physique ou en situation de handicap, qu’elles soient jeunes (IME) ou adultes (ESAT, foyers). »

La pratique du foot en marchant favorise la santé cardiovasculaire. Il aide à lutter contre l’arthrose ou l’ostéoporose chez les femmes. « En jouant deux fois dix minutes sur une moitié de grand terrain, c’est largement suffisant. Le joueur ne s’arrête pas de marcher, il est toujours en mouvement. » Une bonne façon de se maintenir en forme physiquement tout en continuant à pratiquer son sport favori.

Plus d’informations auprès de Charles Escanez (District de football 22), tél. 06 85 19 92 91.

[caption id="attachment_4882" align="alignnone" width="1000"] Le Stade briochin est un des premiers clubs de la ville à proposer le foot en marchant, un sport où l’on ne court pas après le ballon. Photos : Loïc Tachon[/caption]