Morgane Detante, une éducatrice d’IME en immersion dans les ESAT

En ces temps de crise sanitaire, Morgane Detante, éducatrice technique spécialisée en IME, a accepté d’épauler les équipes des ESAT. Elle parle d’une belle expérience vécue depuis plus de deux mois dans les établissements et services d’aide par le travail.

Elle est comme ça, Morgane. Toujours de bonne humeur, souriante et disponible. Rien, pas même le Covid, ne peut altérer sa personnalité solaire et pétillante. Alors, quand la direction de l’IME de Saint-Brieuc où elle travaille, lui propose de renforcer les effectifs de la blanchisserie de l’APAJH 22 en pleine crise sanitaire, elle n’hésite pas un seul instant et répond par l’affirmative. « Si je peux aider en cette période difficile, je le fais volontiers », même si elle intervient également en tant que surveillante au collège La Grande Métairie à Ploufragan, ouvert pour les enfants du personnel soignant pendant le confinement. « C’est sûr, ça fait de sacrées journées mais au moins, je ne m’ennuie pas ! »

A la blanchisserie des Ateliers de la Baie, l’éducatrice technique spécialisée s’acquitte au mieux de sa nouvelle tâche : tri du linge, mise en séchage dans la calandre, pliage des textiles et livraison dans différentes structures du bassin briochin (foyer d’accueil médicalisé Courtil de l’Ic, foyer Ker Spi, Centre Hélio-Marin, maison d’accueil spécialisé et autres Ephad). Ce remplacement, elle le prend comme un enrichissement personnel. « Je découvre un autre univers avec des métiers souvent méconnus du secteur médico-social. C’est très intéressant. »

D’un ESAT à l’autre

Après un mois passé à la blanchisserie de l’APAJH 22, Morgane Detante prend la direction de Plouisy et rejoint l’un des sept sites de production esatco de l’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor. Cette fois, la jeune éducatrice de 29 ans est appelée en renfort à l’atelier légumerie. Nouvelle aventure, nouvelle expérience. « Je fais connaissance avec des moniteurs, des ouvriers ESAT et EA qui travaillent toute la journée dans des conditions peu évidentes, dans le froid et l’humidité. On épluche et on coupe des pommes de terre, des carottes ou encore des oignons destinés aux Ephad, aux hôpitaux et cantines des écoles des Côtes d’Armor. Le travail est répétitif et assez physique. »

Morgane Detante découvre l’activité de l’intérieur, en totale immersion. « C’est la réalité du terrain ! Cela m’offre une vision plus approfondie de ce que représente le travail en ESAT. Je mesure aujourd’hui les compétences que les jeunes accueillis à la section d’initiation et de première formation professionnelle (SIPFP) au sein de l’IME doivent acquérir pour une orientation vers ce type d’établissement : maîtriser les bons gestes, s’adapter aux outils, rester concentré,… Des stages de découverte sont possibles pour évaluer les capacités de chacun. Ça ouvre des portes pour l’avenir ! »

« Pour que nos mercis intimes du quotidien deviennent visibles et tangibles »

Le mouvement national Unapei et 66 personnalités solidaires ont signé une Tribune dans Le Parisien/Aujourd’hui en France et demandent une juste reconnaissance des professionnels qui agissent pour et avec les personnes en situation de handicap et leurs familles.

« Prendre soin : les professionnels qui accompagnent des personnes en situation de handicap n'ont pas arrêté de le faire pendant la crise du Covid-19. Oubliés et invisibles, ils doivent être considérés au même titre que tous les acteurs du soin. Nous, parents, sœurs, frères, amis, aidants, personnes en situation de handicap sommes en première ligne pour témoigner de l'impact de la crise sur notre quotidien. Un quotidien soulagé par l’accompagnement de ces professionnels. Avec le soutien de citoyens solidaires, nous voulons rappeler leur engagement sans faille. Nous demandons que nos mercis intimes du quotidien deviennent visibles et tangibles.

Durant les semaines de confinement que notre pays a traversées, les personnes, quel que soit leur handicap, ont plus que jamais eu besoin des compétences de professionnels qui ne sont ni hospitaliers ni de santé et qui pourtant ont pour mission d’accompagner et de « prendre soin ». Ce sont les professionnels dits du « médico-social ». Pour des milliers d'enfants et d'adultes en situation de handicap en perte de repères et inquiets, comme d'autres, de ce qui se passait, ces professionnels ont souvent constitué le seul lien social. Pour leurs proches également.

Au-delà des accompagnements courants, toujours nécessaires, ils ont veillé à ce que leur vie ne bascule pas vers plus de difficultés et de troubles, si ce n'est vers la maladie. Ils ont ainsi permis, avec conscience professionnelle, que soient maintenus les rendez-vous quotidiens essentiels aux personnes concernées et à leurs familles. Si l'on peut regretter que, pendant la période de confinement, il ait été fait peu état de leur mobilisation, il importe désormais de faire bouger les lignes et évoluer les mentalités, afin qu'ils reçoivent la juste reconnaissance qu'ils espèrent si légitimement.

Aussi, nous, personnes en situation de handicap, parents, sœurs, frères, amis, aidants, nous demandons que l'engagement de ces professionnels soit reconnu dans un premier temps par une prime au même titre que les autres acteurs du soin. Ce geste symbolique reconnaissant leurs efforts sans pareils pendant cette crise ne devrait même pas faire débat. Nous demandons surtout une valorisation globale de leurs métiers, qui passera également par une revalorisation de leurs salaires à la hauteur de leur rôle dans la société.

Valoriser les métiers du médico-social, faire preuve de gratitude, de façon effective, envers celles ou ceux qui aident tous les jours des personnes à être actrices de leur vie, c'est démontrer que le « prendre soin » a, plus que jamais, un sens dans notre pays et, plus encore, qu'il est un investissement pour l'avenir. »

Les signataires

Luc Gateau, président de l’Unapei et les parents, frères, sœurs et amis de l’Unapei ; Lahcen Er Rajaoui, président de Nous Aussi et l’ensemble des personnes en situation de handicap adhérentes de Nous Aussi ; Adda Abdelli, comédien ; Patrick Adler, comédien ; Albert Algoud, journaliste ; Jean-François Balmer, comédien ; Gregori Baquet, comédien ; Nadège Beausson-Diagne, comédienne ; Frédérique Bedos, fondatrice d’ONG ; Leïla Bekti, comédienne ; Marie-Paule Belle, chanteuse ; Christian Benedetti, comédien ; Claude Bergeaud, entraineur de basket ; Jean-Yves Berteloot, comédien ; Michel Billé, sociologue ; Jacques Bonnaffé, comédien ; Isabelle de Botton, comédienne ; Caroline Boudet, journaliste ; Anne Bouvier, comédienne ; Didier Brice, comédien ; Jean-Michel Carlo, administrateur de l’UNICEF ; Emilie Cazenave, comédienne ; Jeanne Cherhal, chanteuse ; François Cluzet, comédien ; Philippe Croizon, athlète et chroniqueur ; Gérard Darmon, comédien ; Olivier Delacroix, animateur TV ; Vincent Des Portes, professeur de médecine ; Alexis Desseaux, comédien ; Henri Duboc, médecin chercheur ; Hervé Dubourjal, comédien ; Anny Duperey, comédienne ; Philippe Durance, sociologue ; Elha, chanteuse ; Eglantine Emeyé, journaliste-animatrice TV ; Jean-Louis Fournier, écrivain ; Catherine Frot, comédienne ; Jacques Gamblin, comédien ; Charles Gardou, anthropologue ; Alexandre Jardin, écrivain ; Jonathan Jérémiasz, co-fondateur de l’Association Comme les Autres ; Michaël Jérémiasz, co-fondateur de l’Association Comme les Autres ; Axel Kahn, professeur de médecine ; Valérie Karsenti, comédienne ; Eric Laugérias, comédien ; Samuel Le Bihan, comédien ; David Le Breton, anthropologue ; Olivier Lejeune, comédien ; Lionel Levy, chef étoilé ; Marc Levy, écrivain ; Sébastien Marsset, navigateur ; Régine Monti Tessier, sociologue ; François Morel, comédien ; Olivier Nakache, réalisateur ; Israël Nisand, professeur de médecine ; Erik Orsenna, écrivain ; Eric Toledano, réalisateur ; Olivier Rabourdin, comédien ; Jean-Michel Ribes, comédien ; Christophe Rossignon, producteur de cinéma ; Anne Roumanoff, humoriste ; Alain Sachs, comédien ; Laurent Savard, humoriste ; Benoit Soles, comédien ; Régis Sonnes, entraîneur de rugby ; Barbara Stiegler, philosophe ; Alice Zéniter, écrivain.

« Cela fait maintenant deux mois et demi que nos filles sont à la maison… »

Crise sanitaire oblige, Marie-Jo et André Guyomard vivent avec leurs filles, Nolwenn et Aude, dans le repaire familial de Camlez, près de Tréguier. Le couple de retraités s’adapte à la situation tant bien que mal, en attendant le feu vert des autorités sanitaires pour un retour au foyer et à l’ESAT.

Ils devaient partir en vacances à la Guadeloupe le 16 mars, mais l’épidémie du coronavirus en a décidé autrement et les a privés de leur voyage en Outre-mer. « Depuis, nous sommes à la maison avec nos deux filles qui, en raison de la crise sanitaire, ne peuvent pas retourner au foyer, ni reprendre le travail à l’ESAT », racontent Marie-Jo et André Guyomard, le visage éclairé par les rayons de soleil qui inondent leur jardin en ce jeudi de l’Ascension.

« Cela fait maintenant deux mois et demi que nous vivons tous les quatre comme des inséparables. En temps normal, Nolwenn (42 ans) et Aude (bientôt 37 ans) sont avec nous uniquement le week-end. C’est un changement de vie et il a fallu s’adapter. Restés confinés avec des enfants dits normaux, c’est déjà dur, avec nos filles c’est plus compliqué… Elles ne sont pas désagréables mais leur présence au quotidien n’est pas facile à gérer. Et puis, on n’a plus 20 ans. Nous sommes des parents âgés qui avons plus de difficultés à gérer certaines situations… ».

L’attente est longue

Dans un contexte inédit, le confinement a révélé toutes les difficultés d’accompagner des personnes en situation de handicap au jour le jour à domicile. « Il n’y a pas de temps mort. Nous sommes sans cesse sollicités, confient les parents. Heureusement, il a fait beau et nous avons pu sortir régulièrement dans le jardin. On a joué aux fléchettes et au palet, on a ressorti les jeux de société. Le dimanche midi, c’était l’heure de l’apéro zoom en visio avec la famille de Paris, Saint-Brieuc et Plougastel. Un rituel. On a également échangé beaucoup de photos et de vidéos via Whatsapp avec les familles de la section parents du Trégor Goëlo de l’Adapei-Nouelles. Bref, on a essayé de proposer un maximum de choses mais à un moment, on ne peut pas faire plus… Depuis la semaine dernière, on peut désormais se promener librement sans attestation et aller à la plage. Ça fait du bien pour tout le monde mais aujourd’hui, les filles ont surtout en tête de retrouver au plus vite le chemin du foyer et de leur atelier sous-traitance à l’ESAT. »

Pour Nolwenn et Aude, l’attente est longue. « On a hâte de revoir nos collègues de travail. Pour l’instant, on ne sait pas quand on va reprendre… » Alors, en attendant d’en savoir plus, les Guyomard continuent de faire ce qu’ils font depuis deux mois et demi : « s’occuper et prendre son mal en patience. » Faute de certitudes sur l’avenir, la famille de Camlez préfère regarder en arrière. « Le plus dur est derrière nous ».

Quand le Covid-19 bouleverse les habitudes et l’organisation des services

A Saint-Brieuc, le site des Gallois qui héberge cinq services et l’association du Groupe d’entraide mutuelle se prépare à un déconfinement progressif adapté. L’organisation a été revue et les espaces transformés pour accueillir les personnes dans le respect des mesures sanitaires.

C’est l’un des cœurs battants de l’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor. Au carrefour de cinq services (2 SAVS, ACT, ASLL, AESF) et de l’association du GEM (1), le site des Gallois s’agite d’ordinaire au rythme des allées et venues. Depuis le début de la crise sanitaire, ce lieu d’accueil si fréquenté apparaît bien calme. Orphelin de ses « Gémeurs », Guy, Alain ou encore Christine, ses plus fidèles adhérents. « C’est un site habituellement vivant, rappelle Franck Amice, directeur-adjoint du pôle de coordination et d’accompagnement. Le jeudi et le vendredi, on peut compter jusqu’à 60 personnes et une vingtaine de salariés tous services confondus. »

Réouverture du GEM le 2 juin

Dans cette période post-confinement, on est loin de l’effervescence qui règne dans la grande salle d’activités du GEM où le silence est d’or. Les nombreux interdits posés ici et là, sur le frigo, l’ordinateur et l’armoire, rappellent que la crise sanitaire est toujours d’actualité. « Les activités collectives des deux SAVS et des ACT restent pour l’instant en stand-by. En revanche, le GEM Vivre au pluriel rouvrira ses portes le 2 juin, annonce Franck Amice. Dans cette salle, on ne pourra pas accueillir plus de six personnes. Cela se fera sur des demi-journées, l’après-midi de 14 h à 16 h. Les personnes seront assises à bonne distance et participeront à des activités de lecture et de jeux interactifs sans contact, animées par une éducatrice et un bénévole. Pour certains, ce changement peut paraître brutal. Afin de les préparer au mieux à cette reprise, l’animatrice a pris des photos pour que chacun puisse visualiser ce nouvel espace d’activité et prendre ses repères. Très clairement, on ne pourra plus fonctionner comme avant. Il n’y a plus de café discussion et les activités culinaires sont suspendues. A nous d’être créatifs car l’épanouissement de chacun dépend toujours autant de notre possibilité de vivre des relations sociales enrichissantes. »

A leur retour dans la salle d'activités du Groupe d'entraide Mutuelle, les adhérents ne pourront plus avoir accès à l'ordinateur et à l'espace documentation - Photo : Loïc Tachon

Comme dans tous les établissements et services de l’association, le Covid-19 bouleverse les habitudes et impose des protocoles précis d’organisation des activités et d’utilisation des équipements destinés à assurer la protection sanitaire des personnes accompagnées et du personnel. Lavage des mains à l’entrée, port du masque obligatoire, distanciation physique, zone délimitée notamment pour se rendre aux toilettes, interdiction de consulter les livres de la bibliothèque… « Forcément, ça change la vie », souffle Franck Amice, le regard tourné vers la salle de danse, chant, peinture et couture, transformée en lieu de stockage du matériel sanitaire (gel hydroalcoolique, masques, gants, blouses, kit spécifique pour les visites à domicile…). « Il a fallu transformer nos espaces et nos outils, adapter notre organisation comme c’est le cas avec le groupe d’entraide mutuelle. »

Tout en faisant barrage au virus, le GEM, lieu citoyen ouvert « sans trop d’interdits », est contraint de fermer la porte à de nombreuses activités. « Tant que l’Agence Régionale de Santé ne lèvera pas toutes ces restrictions, nous respecterons les mesures sanitaires nécessaires. » En attendant de retrouver une vie normale, avec ceux et celles qui font battre le cœur du site des Gallois.

  • (1) : Service d’Accueil à la Vie Sociale (SAVS), Appartements de Coordination Thérapeutique (ACT), Accompagnement Social Lié au Logement (ASLL), Accompagnement en Économie Sociale et Familiale (AESF), Groupe d’Entraide Mutuelle (GEM).

A Plourivo, la crise sanitaire fait les beaux jours de la vente directe

Le temps du confinement, la vente directe de légumes a connu une forte croissance à l’ESAT de Plourivo où bon nombre de personnes ont emprunté la file d’attente pour s’approvisionner en produits frais et locaux. Reste à savoir si l’engouement va perdurer.

Depuis le début de la crise sanitaire, l’ESAT de Plourivo connaît une affluence inhabituelle pour la vente directe de légumes qu’il organise chaque jeudi matin aux portes de son atelier maraîchage bio. « La semaine dernière, nous avons accueilli 90 clients en 2 heures, témoigne Pascal-Yves Bénis, moniteur esatco. Avec le confinement et les restrictions de déplacement, les gens se sont tournés vers les producteurs locaux. A l’ESAT, notre activité a été multiplié par quatre ! »

En mode sans contact

Face à l’afflux de nouveaux clients et à l’exigence des mesures sanitaires, l’ESAT de Plourivo a dû adapter son organisation. « Nous avons aménagé un étal spécifique avec une file d’attente qui respecte la distanciation physique, poursuit Pascal-Yves Bénis. Une personne de l’ESAT note le détail de la commande sur une feuille transmise à une autre qui remplit le cageot avant de le déposer sur une table. Le client n’a plus qu’à remplir son chèque et à emporter son panier de légumes, le tout sans aucun contact. L’ambiance est sereine et conviviale. Chacun est ravi et peut constater que les produits viennent directement de la serre voisine. L’offre est diversifiée (salades, mâche, épinards, pommes de terre nouvelles, radis, oignons,…). Tout ou presque est produit sur le site. »

Photos : Yves Le Bail (atelier maraîchage bio, esatco Paimpol)

Des salariés mobilisés

Depuis près de deux mois, ce sont dix personnes qui sont mobilisées chaque jeudi pour répondre à la demande. En majorité des professionnels de l’ESAT mais aussi des bénévoles et des salariés des autres établissements de l’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor : des secrétaires du siège social de l’association, des éducateurs des IME de Tréguier et de Saint-Brieuc venus prêter main forte à l’atelier maraîchage bio. « Certains ont travaillé à la pré-pesée des produits pour la mise en sachet ou en botte des légumes, d’autres ont participé aux plantations, aux récoltes et au désherbage. Pour les éducateurs techniques spécialisés présents, cette expérience leur a permis de découvrir notre production et notre environnement de travail, de mieux connaître notre fonctionnement et d’envisager la possibilité d’un accompagnement des jeunes d’IME vers l’ESAT. »

Pérenniser l’expérience

Et maintenant ? L’engouement envers les circuits courts va-t-il durer ? Les consommateurs vont-ils reprendre leurs anciennes habitudes et retrouver leurs supermarchés ? « Difficile de le dire, répond Pascal-Yves Bénis. Ce qui est sûr, c’est que nous allons continuer à promouvoir le consommer local. On veut faire prendre conscience aux gens qu’ils ont des produits de qualité près de chez eux et ce n’est pas la peine d’aller très loin pour en trouver. » A l’ESAT de Plourivo, on va poursuivre l’activité avec le même mode de vente jusqu’à fin juin et même une partie de l’été. » En espérant que la clientèle y prenne goût durablement.

Pratique. Vente directe à l’ESAT de Plourivo, près de Paimpol, le jeudi, actuellement de 10 h à 13 h 30. Renseignements au 02 96 55 41 30 ou sur www.esatco.fr

« Allô, bonjour Nathalie, c’est votre éducatrice du SAVS, vous allez bien ? »

Pendant le confinement, l’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor a mis en place une veille téléphonique afin de maintenir le lien avec les personnes qu’elle accompagne. A Dinan, les appels quotidiens ou hebdomadaires des équipes sont attendus et appréciés.

« Allô, bonjour Nathalie, c’est votre éducatrice du SAVS, vous allez bien ? » Au bout du fil, la voix est enjouée et on imagine le sourire qui accompagne la réponse. « Ça va bien merci. C’est bientôt le déconfinement, on va pouvoir enfin sortir. »

Comme dans tous les établissements et services de l’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor, les encadrants assurent une veille téléphonique régulière auprès des personnes. Objectif : maintenir le lien et aider chacun à passer le cap du confinement. « On échange, on parle de l’actualité, on tente d’appréhender les émotions et le moral de chacun en cette période difficile, confient les professionnels du pôle de coordination et d’accompagnement. Si on sent la personne en difficulté, on lui conseille des activités pour se distraire et se relaxer. On peut aussi intervenir à son domicile. »

« On ne se sent pas seul »

Confinée dans son logement de la rue Saint-Marc, proche du centre-ville de Dinan, Nathalie Verhaeghe apprécie plus particulièrement les appels de ceux ou celles qui l’accompagnent toute l’année dans le cadre du dispositif ACT (Appartement de Coordination Thérapeutique). « Entre l’assistante sociale, la psychologue, l’infirmière et les éducatrices du SAVS, je reçois entre quatre et cinq appels par semaine. On ne se sent pas seul. Le confinement crée du stress et de l’angoisse. Un coup de fil, ça fait du bien, ça rassure. Actuellement, je cherche un autre logement adapté à mon handicap et on m’aide beaucoup dans ce projet malgré le confinement. »

Une bouffée d’oxygène

Christophe Chaplain est lui aussi suivi par le SAVS de Dinan dont les appels téléphoniques permettent de briser la monotonie des jours de confinement. Papoter cinq minutes avec une personne extérieure est pour lui une bouffée d’oxygène. « Ça me fait le plus grand bien. On se sent bien entouré », glisse Christophe qui échange aussi beaucoup avec son moniteur d’atelier à l’ESAT de Quévert. « Il m’appelle souvent pour prendre des nouvelles, pour savoir si tout va bien pour moi. On se tient informé de la reprise du travail. En attendant, je m’occupe comme je peux. Je regarde des DVD, j’écoute de la musique et je joue du piano, ça me détend… »

A Taden, près de Dinan, Benjamin Tiprez attend lui aussi avec beaucoup d’impatience son retour à l’atelier menuiserie de l’ESAT de Lamballe où il travaille depuis six ans. « Pour l’instant, je suis confiné chez mes parents. J’espère retrouver rapidement mon studio à la résidence Ker Galop et aussi mes copains de l’ESAT avec qui on échange beaucoup par SMS. Didier Corduan, mon moniteur d’atelier, m’appelle deux à trois fois par semaine. J’apprécie beaucoup. Il a toujours les bons mots pour me rassurer sur la situation. Grâce à lui, les journées sont un peu moins longues. »

L’agent d’entretien fait la chasse au virus

Depuis le début du confinement, Emmanuel Selbert s’affaire chaque jour à nettoyer et désinfecter les pavillons de la MAS d’Hillion. Des couloirs aux chambres des résidents, son travail est indispensable pour protéger les personnes les plus fragiles face à la menace du Covid-19.

Mardi 5 mai, 50e jour de confinement. Il est 8 heures lorsqu’Emmanuel Selbert prend son poste à la maison d’accueil spécialisé d’Hillion. Vêtu d’une blouse bleue, muni d’un masque de protection et de gants, l’agent d’entretien jette un œil sur sa feuille de route. « Ce matin, je commence par le hall d’accueil, les bureaux, le secrétariat avant d’enchaîner avec les couloirs, puis la salle de sport et l’espace Snoezelen », détaille le salarié de l’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor, plus habitué à fréquenter les locaux de l’IME des Clôtures à Saint-Brieuc que les pavillons de l’impressionnante MAS des Sorbiers. « Cela change de mon quotidien. Je suis venu ici en renfort pour soulager les collègues contraints de travailler le week-end. Dès qu’il le faut, je suis prêt à rendre service. »

Un travailleur de l’ombre

Solidaire en cette période de crise sanitaire, Emmanuel Selbert a intégré l’équipe des agents de service qui nettoient et désinfectent la maison d’accueil au jour le jour depuis le début du confinement. Un travail méticuleux où rien n’est laissé au hasard. « En raison de la menace Covid-19, les règles d’hygiène sont très strictes, particulièrement dans une MAS et également dans un foyer de vie pour adultes comme celui de la résidence Park Nevez à Plouisy, près de Guingamp où j’ai travaillé durant trois jours. »

Dans la chasse au virus, chaque détail compte. Poignées de portes, interrupteurs, tables et chaises, tous les points de contact doivent être passés au peigne fin. « Une fois que les résidents ont fini de manger, on nettoie tout le mobilier sans exception. » Idem après une douche. « La salle de bains est désinfectée du sol au plafond. » Pour cela, Emmanuel Selbert utilise un appareil de bionettoyage qui produit de la vapeur à haute température éliminant les microbes en tous genres. « Ce matériel est très efficace pour les salles de bains et aussi pour les sanitaires. On dispose de plusieurs adaptateurs pour atteindre les moindres recoins. »

Quelle que soit la pièce, la vigilance est de mise. Soldat de l’ombre en ces temps de crise, Emmanuel Selbert veille au grain face à l’ennemi invisible. Chaque jour, l’agent d’entretien poursuit sans relâche son travail de sape pour protéger les résidents les plus fragiles d’une éventuelle contamination au Covid-19. « A ce jour, aucun cas n’est à signaler à la MAS. Tant que les mesures sanitaires seront respectées, le virus n’est pas prêt de rentrer dans la maison d’accueil... »