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Fraîchement inauguré après deux ans de travaux, l’IME de Minihy-Tréguier salue la mémoire de Jeannine Le Bouder, à l’origine de la création de l’établissement à la fin des années 60. Présent à ses côtés à l'époque, André Gacel, ancien directeur général de l’Adapei 22, témoigne de la forte personnalité de la Trégoroise, de son engagement et de son tempérament pour défendre la cause des personnes en situation de handicap.
« J’ai connu Jeannine Le Bouder tout de suite après mon arrivée à l’association des Papillons Blancs à Saint-Brieuc, en septembre 1965. Elle venait d'adhérer à l'association tout en étant, en tant qu’enseignante de l’Éducation Nationale, membre de I’APAJH.
Saint-Brieuc venait d’ouvrir le premier institut médico-pédagogique (IMP) pour essentiellement des enfants trisomiques. Des articles étaient parus dans la presse régionale, ce qui nous avait valu un très grand nombre de courriers de parents de tout le département. C’était une énorme découverte car rien, ni personne ne savait qu'il y avait autant de jeunes handicapés mentaux… Il n'y avait alors aucun moyen de les répertorier. Il n'y avait aucune aide et les écoles qui les refusaient à chaque rentrée scolaire n'avaient aucune obligation de les signaler ! »
Une militante, une battante
« Jeannine Le Bouder était de ces parents. Elle avait eu Claude, née trisomique, et elle s'était jurée de tout faire pour que sa fille puisse accéder à l'éducation et aux soins comme les autres enfants. Elle m'avait invité à une réunion au Centre culturel Ernest Renan à Tréguier pour présenter l'établissement de Saint-Brieuc. A la fin de la réunion, Jeannine Le Bouder se lève et propose à l'ensemble des participants de créer un nouvel établissement à Tréguier. Les membres du Bureau suggèrent que, dans un premier temps, le centre culturel puisse mettre à disposition deux pièces… J'ai dû leur expliquer que la création d'un IMP devait répondre à certains critères pour être agréé par la Sécurité Sociale et autorisé par la DDASS. Outre les locaux de classe, il fallait des salles de rééducation (kinésithérapeute), une infirmerie, des bureaux pour les médecins (généraliste et psychiatre), etc.
Madame Le Bouder et ses amis du Centre culturel ont été alors très déçus, mais Jeannine n'a pas voulu lâcher son projet ! Dans les semaines qui ont suivi, elle a rencontré le maire de Tréguier qui lui a promis de voir cela avec son Conseil municipal. Peu de temps après, la Ville de Tréguier mettait un terrain de 5 hectares à disposition des Papillons Blancs pour la construction d'un IMP sur la future zone artisanale de Kerfolic. Joseph Nicolas, maire de Tréguier, l'avait annoncé au cours d'une réunion de la section des Papillons Blancs de Tréguier, section que présidait alors Jeannine Le Bouder. »
« Madame Le Bouder avait abandonné son métier d'institutrice pour se consacrer à sa fille Claude, née avec la trisomie 21. Pour autant, elle n’avait pas abandonné son activité de militante. Présidente de l'association des parents d'élèves du lycée de Tréguier, elle avait appris que le ministère de l’Éducation Nationale envisageait de supprimer l’établissement de Tréguier. Elle avait alors organisé une manifestation à Tréguier avant d’affréter des cars pour mobiliser des parents et les faire manifester devant le ministère qui avait finalement lâché prise et maintenu le lycée à Tréguier. Jeannine Le Bouder était une militante, une battante, une animatrice, mais aussi une organisatrice ! »
Une femme de conviction
« En septembre 1970. Marie-Madeleine Diénesch, secrétaire d'État aux Affaires Sociales, assiste à l'assemblée générale de l'Adapei 22, mais elle est cueillie à froid par une pétition qui met en cause l'insuffisance de crédits et de places dans les différents IME (Saint-Brieuc, Tréguier et Loudéac). L'annonce d'une quête nationale « la Croisade des cœurs » organisée par l'État remet en cause l'Opération brioches programmée pour le mois d'octobre. A l’époque, l’annulation de ce rendez-vous est très mal vécue par tous les parents. La pétition est donc lue dès l'arrivée de la ministre par Dominique Rocaboy qui la connaît bien. Madame Diénesch est furieuse et dit qu’elle est outrée de cette pétition et qu'elle ne l'accepte pas. Le président des Papillons Blancs Guy Corlay est incapable d'intervenir et de répondre à Madame Diénesch qui vocifère sur l'estrade… Madame Le Bouder prend alors la parole et précise que la pétition n'est pas celle de Dominique Rocaboy, mais celle de tous les membres présents puisqu'elle a été votée à l'unanimité. Elle explique ensuite, avec beaucoup d'émotion et de conviction, la vie des parents d'enfants handicapés mentaux qui ne trouvent aucune place dans le département, leur désespoir alors que la création des différents établissements leur avait ouvert des perspectives, mais que, partout, c'était une fin de non-recevoir. Finalement, Madame Diénesch semble revenir à de meilleurs sentiments et promet d’essayer d’obtenir de la Fondation de France une participation sur le produit de la Croisade des cœurs et de rester en contact avec l’association pour l’aider à trouver les meilleures solutions. »
Toujours en première ligne
« En 1975, Hervé Mazé laisse la présidence de l’Adapei 22 pour préparer le concours de Notaire. C’est Jeannine Le Bouder qui lui succède lors de l’AG du 25 juin 1975. Les lois concernant les personnes handicapées seront promulguées quelques jours plus tard, le 30 juin 1975. La première de ces lois apporte une ouverture extraordinaire pour la reconnaissance et la prise en charge (éducative et financière) de la personne handicapée. La seconde, par contre, a pour objectif de cadrer les institutions sociales et médico-sociales et d'éviter tout dérapage financier.
Ce fut une époque d’espoir et de travail avec la mise en application des lois mais aussi d’interventions politiques car les décrets d'application et les circulaires tardaient à sortir. Nous étions aussi en pleine euphorie pour la création d'établissement pour répondre à la demande pressante des familles. Les « Opérations brioches » nous aidaient bien et, avec le soutien du Crédit Mutuel, nous avons ouvert parfois deux voire, même trois établissements par an !
Jeannine Le Bouder et moi-même avons toujours travaillé de concert et su profiter des différentes opportunités du moment. La Présidente était toujours en première ligne, toujours prête à effectuer les démarches nécessaires comme à trouver les arguments percutants, sa fille Claude avait trouvé place à l’IME de Tréguier et Jeannine Le Bouder était très disponible. En 1982, elle décide de céder la présidence de l’association à Jean-Yves Huard. Son mari prend sa retraite et elle souhaite profiter, elle aussi, de cette période qu'elle espérait différente. »
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