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Depuis le début de la crise du Covid-19, Aurélie Le Quément est l’interlocutrice privilégiée des acteurs du secteur du handicap. En poste dans les Côtes d’Armor depuis décembre, la responsable du pôle « personnes handicapées » à l’Agence Régionale de Santé (ARS) témoigne de la dynamique inter-associative pour répondre, souvent dans l’urgence, aux besoins des acteurs locaux et des usagers.
Entretien
En tant que responsable du pôle « personnes handicapées » à l’ARS des Côtes d’Armor, quel est votre rôle dans la gestion de la crise sanitaire ?
Je suis chargée de décliner les stratégies régionales et nationales sur le territoire en m’appuyant également sur les initiatives locales des acteurs, et ce en lien étroit avec les partenaires que sont le Conseil départemental, la MDPH et l’Éducation Nationale par exemple. Mon rôle est de suivre la situation des établissements ayant des cas de Covid suspects ou confirmés, de veiller à la mise en place des mesures sanitaires adéquates, de venir en appui sur le plan RH par la mobilisation des ressources disponibles, de venir en soutien aux opérateurs avec des réunions régulières pour partager les questionnements. Je m’assure de la bonne compréhension des consignes et des différents protocoles sanitaires. Je suis également chargée d’attribuer les dotations hebdomadaires en masques pour les établissements du secteur du handicap et d’en assurer le suivi.
La polyvalence de votre poste prime avant tout…
Dans un tel contexte, on est amené à sortir un peu de ses missions habituelles. A titre d’exemple, j’ai été appelée à prêter main forte sur l’offre ambulatoire dans le secteur libéral et à suivre le dépistage collectif dans les structures d’hébergement, notamment en Ehpad.
Durant cette crise sans précédent, avez-vous participé à des démarches de coopération et d’entraide entre les organismes gestionnaires ?
Bien sûr et cela fait partie de mes missions. J’interviens auprès de l’ensemble des structures gestionnaires qui œuvrent dans le champ du handicap, à la fois celles qui sont sous compétence de l’ARS ou à compétence partagée avec le Conseil départemental. Mon rôle est de susciter ces démarches de coopération et d’entraide. Je suis là pour rassurer les organismes gestionnaires et faire le lien entre tous les acteurs, notamment mettre en lien des besoins de renfort en RH dans les Ehpad avec des professionnels des établissements du secteur handicap qui avaient des possibilités en début de crise. Durant cette période, j’ai pu constater que dans les Côtes d’Armor, la dynamique inter-gestionnaire est très forte. Le terreau est favorable pour faire face à la crise et construire des projets à dimension départementale.
Cette dynamique dont vous parlez a-t-elle été un atout dans la mise en place des unités de confinement pour les personnes qui seraient touchées par le Covid-19 ?
Dans les Côtes d’Armor, nous n’étions pas en capacité de mettre en place un centre dédié Covid dans chaque association gestionnaire. La réponse à cette offre ne pouvait se faire que par le biais du partenariat. Certaines associations y ont réfléchi, comme Quatre Vaulx Les Mouettes qui a étudié la faisabilité d’une unité pour adultes à l’internat de Languédias, mais le projet n’a pas pu voir le jour.
Pour ouvrir une unité de confinement adultes, on ne pouvait pas uniquement s’appuyer sur un seul gestionnaire. Ce projet est aujourd’hui porté par l’Association Hospitalière de Bretagne (AHB) avec des locaux mis à disposition par l’Association Française contre les Myopathies (AFM) et un personnel d’intervention issu de plusieurs associations dont l’IME Les Vallées de Dinan, Quatre Vaulx Les Mouettes et l’APAJH 22. Grâce à la collaboration de toutes ces associations, le projet a pu voir le jour.
Et concernant le secteur enfance ?
L’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor s’est tout de suite mobilisée pour répondre à cette offre à vocation départementale et accueillir des enfants à domicile ou suivis par d’autres structures. Cette association a été très réactive dans la mise en place de cette unité. Elle dispose d’une force de frappe sur le territoire. Son siège social s’est montré disponible. Il vient en soutien et permet de construire des projets très intéressants, à l’image de ce dispositif innovant tant par ses objectifs que par sa mise en œuvre.
D’une manière générale, comment jugez-vous la mobilisation des associations costarmoricaines ?
On sent qu’il y a déjà des habitudes de travail et de coopération très ancrées dans le département grâce au groupement d’associations Handi-Cap 22. ces habitudes se sont renforcées pendant la crise, par l'intégration des gestionnaires publics aux projets portés par Handi-Cap 22 par exemple. La bonne interconnaissance des acteurs facilite la mise en place de projets à visée départementale comme celui de la création des unités de confinement. Quand il a fallu trouver du personnel volontaire pour intervenir sur l’unité adultes de Saint-Brieuc, on a rapidement eu des accords émanant des associations.
En période de déconfinement, comment s’organise votre travail avec les associations ?
Pour l’heure, l’Agence Régionale de Santé reste toujours fortement mobilisée sur la gestion de la crise. Chaque jour à la délégation territoriale des Côtes d’Armor, nous avons un temps dédié entre les cadres et la direction pour partager les dernières actualités et les mesures principales à prendre pour organiser le travail.
Vous êtes confiante et optimiste pour la suite de la gestion de crise ?
Oui car nous avons des acteurs très engagés qui, jusqu’ici, ont respecté de façon exemplaire les différents protocoles sanitaires. Quand j’ai reçu les plans de reprise d’activité progressif pour le déconfinement, j’ai constaté toute la vigilance des partenaires et des opérateurs à l’application des protocoles sanitaires, des mesures barrières, des règles de nettoyage et de désinfection pour éviter l’arrivée du virus dans leurs structures.
Le confinement et le déconfinement sont deux phases extrêmement différentes dans la gestion de la crise. En raison des inquiétudes et des craintes des partenaires et des familles, le déconfinement prend plus de temps dans la mise en œuvre. Il doit s’organiser de manière progressive pour éviter le risque d’une deuxième vague et de contaminations dans les structures accueillant des personnes en situation de handicap qui ont été jusqu’ici préservées. Des mesures fortes ont été mises en place dans le département pour tester tout cas suspect avec l’organisation de la quatorzaine et de l’isolement pour freiner le plus tôt possible la chaîne de contamination.
Propos recueillis par Loïc Tachon.